La récente visite au Maroc d’Obed Bapela, un cadre influent de l’African National Congress (ANC), a provoqué une onde de choc au sein du parti présidentiel sud-africain. Cette rencontre imprévue avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a mis en lumière les tensions persistantes entre l’Afrique du Sud et le Maroc concernant la question du Sahara occidental.
L’ANC, héritier politique de Nelson Mandela, a longtemps affiché son soutien indéfectible au Front Polisario dans sa quête d’autodétermination pour le peuple sahraoui. Cette position a toujours été une source de friction avec le royaume chérifien, qui revendique la souveraineté sur le territoire contesté. La visite de Bapela à Rabat a donc été perçue comme une potentielle remise en question de cette ligne politique établie.
Initialement présentée comme un déplacement privé, la rencontre de Bapela avec le chef de la diplomatie marocaine a rapidement pris une tournure officielle. Des propos rapportés suggèrent que le représentant sud-africain aurait évoqué la possibilité de renforcer les liens économiques entre les deux nations. Cette apparente ouverture a suscité l’incompréhension et la colère au sein de l’ANC.
La réaction du parti ne s’est pas fait attendre. Dans une lettre adressée à Bapela, la Secrétaire générale adjointe de l’ANC a qualifié cet épisode de « sérieuse violation de nos principes et de nos politiques« . Le parti a rapidement réaffirmé son soutien au droit à l’autodétermination des Sahraouis, craignant que les actions de Bapela n’aient semé le doute sur sa position officielle.
Les conséquences pour Bapela ont été immédiates. Malgré son statut de membre du comité exécutif et sa participation à la sous-commission aux affaires internationales, il s’est vu interdire de parler au nom du parti auprès des gouvernements ou des représentants politiques étrangers jusqu’à nouvel ordre.
Cette controverse intervient dans un contexte régional complexe. Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, reste au cÅ“ur d’un conflit non résolu. Alors que le Maroc contrôle la majeure partie du territoire et propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté, le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, continue de revendiquer un référendum d’autodétermination promis en 1991 mais jamais organisé.
L’incident Bapela souligne la délicatesse des relations diplomatiques dans la région et met en évidence les défis auxquels l’ANC est confronté pour maintenir une position cohérente sur la scène internationale. Il rappelle également la complexité du dossier sahraoui, considéré par l’ONU comme un « territoire non autonome », riche en ressources naturelles et stratégiquement important.
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