Russie : France et Allemagne parmi les 47 pays jugés décadents

[Mikhail KLIMENTYEV / SPUTNIK / AFP]

Le rejet de la culture occidentale n’est pas un phénomène nouveau. Depuis des décennies, certains pays comme la Russie, la Chine et plusieurs nations africaines expriment leur méfiance envers les valeurs libérales promues par l’Occident. Cette opposition se manifeste par diverses politiques visant à préserver les traditions locales et à limiter l’influence culturelle occidentale. En Russie, cette tendance s’est accentuée sous la présidence de Vladimir Poutine, avec une rhétorique mettant en avant les valeurs traditionnelles russes face à ce qui est perçu comme une décadence morale de l’Occident. En Chine, le Parti communiste a renforcé son contrôle sur les médias et l’éducation pour promouvoir les valeurs chinoises et contrer l’influence occidentale. Dans certains pays africains, on observe un retour aux traditions précoloniales et une remise en question des modèles de développement occidentaux. Ce contexte de tension culturelle croissante entre l’Est et l’Ouest alimente des politiques de plus en plus restrictives et des discours identitaires affirmés.

Un visa pour fuir la « décadence occidentale »

Dans cette optique de rejet des valeurs occidentales, le gouvernement russe a franchi une nouvelle étape en établissant une liste officielle de pays considérés comme « décadents« . Cette initiative, lancée par un décret signé par Vladimir Poutine en août 2024, vise à faciliter l’immigration en Russie de citoyens étrangers partageant les « valeurs spirituelles et morales traditionnelles russes ». Le 17 septembre, un arrêté gouvernemental a précisé les contours de cette politique en dévoilant une liste de 47 nations jugées comme promouvant des « lignes directrices idéologiques néolibérales destructrices ».

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Parmi les pays ciblés figurent la majorité des nations européennes, dont la France et l’Allemagne, ainsi que les États-Unis, le Canada, le Japon et l’Australie. Cette classification géopolitique dessine les contours d’un nouvel ordre mondial tel que perçu par Moscou, où l’Occident incarnerait la décadence morale. Les candidats à l’immigration en Russie doivent explicitement rejeter les politiques de leur pays d’origine et adhérer aux valeurs russes traditionnelles.

Une géographie politique révélatrice

L’examen attentif de cette liste révèle des choix géopolitiques significatifs. L’absence notable de la Hongrie et de la Slovaquie parmi les pays européens désignés comme « décadents » témoigne des affinités politiques de ces nations avec le régime de Poutine. Viktor Orbán en Hongrie et Peter Pelegrini en Slovaquie, connus pour leurs positions eurosceptiques et leur ouverture envers Moscou, semblent bénéficier d’un traitement de faveur dans cette nouvelle configuration idéologique.

Cette initiative russe ne se limite pas à une simple posture rhétorique. Le ministère de l’Intérieur russe a rapporté avoir déjà reçu des demandes de citoyens provenant de divers pays, notamment d’Allemagne, d’Italie, des États-Unis et d’Australie. Bien que les chiffres exacts n’aient pas été divulgués, cette information suggère que l’appel de Moscou trouve un certain écho auprès d’individus déçus par leurs sociétés d’origine.

En proposant un « asile spirituel » aux étrangers partageant sa vision du monde, la Russie tente de se positionner comme un phare pour les conservateurs du monde entier. Cette stratégie vise non seulement à renforcer son soft power, mais aussi à consolider son image de bastion des valeurs traditionnelles face à ce qu’elle perçoit comme la dégénérescence morale de l’Occident.

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Cette politique d’immigration sélective basée sur des critères idéologiques soulève des questions sur l’évolution des relations internationales et la montée des nationalismes. Elle illustre une tendance croissante à la polarisation idéologique à l’échelle mondiale, où les valeurs culturelles et morales deviennent des enjeux géopolitiques majeurs. L’avenir dira si cette initiative russe parviendra à attirer un nombre significatif de « réfugiés idéologiques » et quel impact cela aura sur les dynamiques politiques internationales.

Europe (37 pays)

  • Albanie
  • Allemagne
  • Andorre
  • Autriche
  • Belgique
  • Bulgarie
  • Chypre
  • Croatie
  • Danemark
  • Espagne
  • Estonie
  • Finlande
  • France
  • Grèce
  • Irlande
  • Islande
  • Italie
  • Lettonie
  • Liechtenstein
  • Lituanie
  • Luxembourg
  • Macédoine du Nord
  • Malte
  • Monaco
  • Monténégro
  • Norvège
  • Pays-Bas
  • Pologne
  • Portugal
  • République tchèque
  • Royaume-Uni (y compris les dépendances de la Couronne et les territoires britanniques d’outre-mer)
  • Roumanie
  • Saint-Marin
  • Slovénie
  • Suède
  • Suisse
  • Ukraine

Amérique (3 pays)

  • États-Unis
  • Canada
  • Bahamas

Asie (4 pays)

  • Corée du Sud
  • Japon
  • Singapour
  • Taiwan

Océanie (3 pays)

  • Australie
  • Nouvelle-Zélande
  • Micronésie

Afrique

Aucun pays africain n’est inclus dans cette liste.

Note : La Hongrie et la Slovaquie sont les seuls pays de l’Union européenne absents de cette liste.

Une réponse

  1. Avatar de Sid
    Sid

    AVANT, l’URSS et la Chine s’opposaient au libéralisme (économique). Mais c’est leur système (communiste) qui a explosé parce que trop rigide, trop idéaliste et trop centralisé !
    AUJOURD’HUI, la Chine et la Russie fonctionnent en économie de marché, le sytème libéral de l’Occident MAIS ces pays s’opposent au WOKISME, une idéologie qui piétine allègrement les valeurs morales, religieuses et sprituelles. Toutes les civilisations qui ont dégénéré en ce sens ont rapidement disparu ensuite. En Europe, on se souvient des « orgies romaines » qui ont accompagné la chute de l’Empire Romain.

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