La rupture des relations entre la France et le Niger, amorcée en juillet 2023 avec le départ des forces militaires françaises du territoire nigérien, connaît un nouveau rebondissement. Cette fois-ci, c’est sur le terrain économique que se joue l’affrontement, avec comme enjeu l’uranium, ressource stratégique dont le Niger est l’un des principaux producteurs mondiaux. Après des décennies de présence française dans le secteur minier nigérien, les autorités de Niamey ont entrepris de redéfinir les règles du jeu, notamment en retirant certains permis d’exploitation à Orano, ex-Areva, et en manifestant leur volonté de diversifier leurs partenariats vers la Russie et l’Iran.
Une restructuration profonde du secteur minier
Le Niger prépare activement une révolution dans son secteur minier. La création de la Timersoi National Uranium Company (TNUC) marque la première étape de cette transformation. Cette nouvelle entité étatique symbolise la volonté des autorités nigériennes de reprendre le contrôle de leurs ressources naturelles. Cette stratégie se manifeste également par l’engagement de la Société du patrimoine des mines du Niger (Sopamin) qui vient d’annoncer l’acquisition de 210 tonnes d’uranium, une décision qui traduit la détermination de Niamey à maintenir l’activité minière sous son contrôle direct. Cette réorganisation intervient alors que le pays affirme vouloir diversifier ses partenariats, notamment en direction de la Russie et de l’Iran.
Les conséquences d’une rupture annoncée
Face à ces bouleversements, Orano, héritier d’une présence française remontant à 1971, se trouve dans une position délicate. Le groupe, qui ne conservait plus qu’un seul site actif après la fermeture de la Compagnie des mines d’Akokan en 2021, vient d’annoncer la suspension de sa production. Cette décision, effective depuis le 31 octobre, intervient dans un contexte tendu marqué par le retrait de son permis d’exploitation du gisement d’Imouraren en juin. Au cœur de cette crise, 1 050 tonnes de concentré d’uranium, d’une valeur estimée à 300 millions d’euros, restent bloquées. Si Orano propose leur exportation vers la France ou la Namibie, les autorités nigériennes contestent cette option, dénonçant une décision unilatérale qui met à mal la gouvernance de la Société des mines de l’Aïr (Somaïr), dont Orano détient 63,4% des parts.
L’avenir des relations minières en question
L’arrêt des activités d’Orano pourrait marquer un point de non-retour dans les relations économiques franco-nigériennes. Cette situation soulève des questions cruciales sur l’avenir de l’exploitation minière au Niger. La fermeture progressive des sites exploités par la France, combinée à la création d’une nouvelle société nationale et à la recherche active de nouveaux partenaires internationaux, dessine les contours d’une nouvelle ère. La gestion des ressources naturelles devient ainsi le symbole d’une transformation des rapports de force en Afrique de l’Ouest, où les anciennes puissances coloniales voient leur influence diminuer au profit de nouvelles alliances stratégiques.
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