La santé mentale demeure un défi majeur pour les systèmes de santé mondiaux. Les troubles psychologiques touchent près d’un milliard de personnes à travers le monde, selon l’Organisation Mondiale de la Santé. Pourtant, les investissements restent insuffisants : seuls 2% des budgets nationaux de santé sont en moyenne consacrés aux soins psychiatriques. Cette négligence engendre des conséquences dévastatrices, tant sur le plan humain qu’économique, avec des pertes estimées à plus de 1000 milliards de dollars par an en productivité. Le tabou persistant autour des maladies mentales aggrave la situation, empêchant de nombreuses personnes de chercher l’aide dont elles ont besoin.
Une infrastructure médicale défaillante
Le système de santé marocain révèle des failles majeures dans la prise en charge des troubles mentaux. Un seul psychiatre pour 100 000 habitants exerce au Maroc, alors que la moyenne mondiale atteint 1,7 psychiatre. Les établissements de soins affichent également leur insuffisance avec 6,43 lits pour 100 000 habitants, bien loin des 13,3 lits recommandés mondialement. Paradoxalement, 20% des lits destinés aux patients psychiatriques restent vides, conséquence de protocoles d’hospitalisation inadaptés qui laissent de nombreux malades sans soins appropriés.
Le poids des troubles mentaux
Les statistiques présentées par Amine Tahraoui, ministre de la Santé et de la Protection sociale, témoignent de l’ampleur du problème : 48,9% des Marocains connaîtront des troubles psychologiques durant leur existence. La dépression domine ce sombre tableau avec 26% des cas recensés. Les troubles anxieux touchent 9% de la population, tandis que les troubles psychotiques et la schizophrénie concernent respectivement 5,6% et 1% des Marocains. Ces chiffres dessinent les contours d’une véritable crise sanitaire, comparable aux grandes pathologies chroniques.
Vers une modernisation des soins psychiatriques
Pour répondre à ces défis, le Maroc déploie une stratégie à plusieurs niveaux. L’ouverture de 108 postes dans le domaine de la santé mentale sur la période 2023-2024 marque le début d’un renforcement des effectifs médicaux. Le ministère prévoit aussi d’enrichir l’arsenal thérapeutique en incluant des psychotropes modernes dans la liste des médicaments essentiels. Un effort particulier sera consacré à la formation des professionnels de santé de première ligne. La refonte du cadre légal, figé depuis 1959, constitue une priorité pour adapter les pratiques aux standards actuels. Ces mesures témoignent d’une volonté de transformation, mais nécessiteront un engagement financier substantiel pour garantir leur efficacité.
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