Le paysage du transport maritime algérien s’enrichit avec l’arrivée d’un nouvel acteur majeur. Madar Maritime Company (MMC) s’apprête à faire son entrée sur le marché du fret maritime avec un plan d’investissement ambitieux et une stratégie de développement progressive.
Le PDG Ali Ourak a dévoilé lors de la Conférence internationale de l’économie maritime (CIEM) les contours de cette stratégie qui débutera par l’acquisition de deux navires vraquiers en 2025. Ce choix stratégique répond à un besoin spécifique du marché algérien, marqué par un déficit notable dans le transport de marchandises telles que le clinker, le phosphate et les céréales.
La stratégie de MMC, filiale du groupe public Madar Holding, s’articule autour d’un développement en deux phases distinctes. L’entreprise prévoit initialement de se concentrer sur les vraquiers avant d’étendre sa flotte aux porte-conteneurs. Cette approche progressive vise à répondre aux besoins du marché national, estimé à au moins six navires vraquiers.
Le positionnement de MMC s’inscrit dans une double logique : assurer le transport des marchandises produites par les usines du groupe destinées à l’exportation, tout en participant à la couverture des besoins en importation, un segment actuellement dominé par les armateurs internationaux. L’entreprise souhaite également faciliter l’accès des exportateurs nationaux aux marchés internationaux en garantissant des traversées régulières depuis les ports algériens.
Cette initiative s’intègre dans une vision plus large de transformation de l’Algérie en hub maritime international. Les experts réunis lors de la CIEM ont souligné les atouts considérables du pays, notamment sa position géographique stratégique comme point d’entrée vers l’Afrique. Ahmed Tibaoui, Directeur de World Trade Center Algiers, a notamment insisté sur l’importance de positionner l’Algérie comme acteur majeur dans le domaine maritime et portuaire à l’échelle continentale.
Toutefois, des défis subsistent. Mouloud Belaïd, président de l’Association professionnelle des agents maritimes algériens, pointe plusieurs obstacles, dont l’érosion des parts de marché de la flotte nationale et une réglementation dispersée entre différentes administrations. La congestion portuaire impacte également la compétitivité du secteur.
La modernisation des infrastructures et des services logistiques portuaires représente un enjeu crucial, comme le souligne Abdallah Seriai, président du Syndicat du transport et de la logistique. L’objectif est de réduire les coûts logistiques qui peuvent atteindre jusqu’à 35% du prix des produits commercialisés en Algérie, un taux nettement supérieur à la moyenne mondiale située entre 10 et 20%.L’arrivée de MMC aux côtés du groupe public GATM renforce ainsi les capacités nationales dans le secteur maritime, contribuant à la réalisation des ambitions portuaires de l’Algérie.
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