En Corée du Sud, le climat politique est marqué par une nouvelle destitution spectaculaire. Quelques semaines seulement après la suspension du président Yoon Suk Yeol par le Parlement, les députés ont voté pour écarter Han Duck-soo, Premier ministre et président par intérim, de ses fonctions. Cette décision exceptionnelle, inédite dans l’histoire politique du pays, traduit l’intensité de la crise institutionnelle qui secoue la nation. Han Duck-soo est accusé par l’opposition d’avoir entravé le processus de décision de la Cour constitutionnelle, l’instance chargée de statuer sur la destitution de Yoon Suk Yeol.
Les événements se sont enchaînés dans un climat tendu. Le président Yoon Suk Yeol avait suscité l’indignation en imposant la loi martiale et en envoyant l’armée au Parlement au début du mois de décembre. Ce coup de force, qui avait rapidement été abandonné sous la pression nationale et internationale, avait conduit à son limogeage par une large majorité parlementaire. Alors qu’il attend le verdict de la Cour constitutionnelle sur sa destitution, Yoon Suk Yeol fait désormais l’objet d’une enquête pour « rébellion », un crime passible de la peine de mort.
Cependant, l’intérim assuré par Han Duck-soo n’a pas apaisé les tensions. Les députés reprochent à ce dernier d’avoir bloqué la nomination de trois juges à la Cour constitutionnelle, compromettant ainsi son bon fonctionnement. Cette situation a alimenté les accusations d’abus de pouvoir formulées par Lee Jae-myung, le président du Parti démocrate, qui a dénoncé une transformation de l’autorité intérimaire en une « autorité insurrectionnelle ». Cette critique a largement pesé dans le vote unanime de destitution par les 192 députés présents à l’Assemblée nationale vendredi.
Avec cette décision, c’est le ministre des Finances, Choi Sang-mok, qui est désormais chargé d’assurer l’intérim. Mais loin de stabiliser la situation, ces changements successifs à la tête de l’exécutif plongent la Corée du Sud dans une incertitude politique prolongée. La grave crise institutionnelle reflète des clivages profonds entre le pouvoir en place et l’opposition, et met en lumière la fragilité des équilibres démocratiques dans un contexte de conflits internes.
Alors que le pays attend la décision de la Cour constitutionnelle sur l’avenir de Yoon Suk Yeol, la classe politique sud-coréenne semble plus divisée que jamais. Cette crise pourrait redéfinir durablement les dynamiques du pouvoir en Corée du Sud, au moment où le pays fait face à des défis majeurs tant sur le plan intérieur qu’international.
Laisser un commentaire