Armement: les USA testent une nouvelle arme hypersonique plus efficace

Lloyd Austin © AFP / Brendan Smialowski

Au cours de la dernière décennie, des États comme la Russie, la Chine ou l’Iran ont stupéfié bien des observateurs en exhibant des missiles aux capacités surprenantes. Ces engins, parfois décrits comme plus rapides que jamais et conçus pour déjouer les défenses antimissiles, ont modifié la perception des équilibres stratégiques. Tandis que certains d’entre eux misent sur des « planeurs » capables de suivre des trajectoires particulièrement imprévisibles, d’autres privilégient la portée, la précision ou la quantité de vecteurs disponibles. Dans ce cadre, l’émergence des armes hypersoniques ne se limite pas aux seuls arsenaux russo-chinois ; elle concerne désormais plusieurs puissances régionales et mondiales, multipliant les scénarios potentiels et réactualisant des débats autrefois bridés par d’anciennes limitations.

Un paysage technologique redessiné par des États aux ambitions diverses

Le récent tir du missile américain « Dark Eagle » s’inscrit dans une tendance qui oppose des pays cherchant à combler leurs lacunes en matière de portée et de précision. Les essais menés ce jeudi 12 décembre depuis la zone SLC-46 de Cape Canaveral en Floride, combinant un propulseur de fusée à un planeur, témoignent de la volonté américaine de rattraper ses concurrents. Les ingénieurs du programme LRHW (Long-Range Hypersonic Weapon) ont misé sur un appareil capable de passer rapidement à haute altitude avant de libérer un planeur pouvant ensuite plonger vers sa cible à très haute vitesse. De tels engins défient les systèmes de défense traditionnels grâce à une trajectoire aux multiples rebonds, rappelant la manière dont un galet file sur la surface de l’eau au lieu de tomber en un simple arc de parabole. Cette approche contraste avec les missiles balistiques classiques, moins agiles et donc plus vulnérables aux interceptions.

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Les États-Unis avaient déjà rencontré des retards et des contretemps dans le développement de ce système. Plusieurs tests complets ont été reportés, seuls des essais partiels ayant été réalisés depuis 2020. Le lancement depuis un véhicule mobile opérationnel a représenté une étape majeure. Contrairement à la Russie, qui a employé en novembre l’Orechnik lors de la guerre en Ukraine, ou à la Chine, dotée de planeurs opérationnels et d’une palette de missiles balistiques intermédiaires (DF-21, DF-26) capables de frapper des bases isolées, les États-Unis mettent désormais l’accent sur la mise en service prochaine du Dark Eagle, prévue à l’horizon 2025.

Le Dark Eagle: un projet américain aux performances avancées

Les caractéristiques du LRHW placent cette arme dans la catégorie intermédiaire, soit entre 500 et 5500 km de portée, un segment longtemps gelé par le traité INF, aboli en 2018 après des accusations mutuelles d’infraction. Le retour de cette catégorie sur le devant de la scène s’accompagne d’une rivalité technologique accrue, certains acteurs multipliant les efforts pour moderniser leurs arsenaux. La Chine, jamais soumise à l’INF, a investi dans un large éventail de missiles sur divers vecteurs. La Russie, quant à elle, revendique des planeurs intercontinentaux, bien que leur réelle fiabilité demeure discutée.

Dans ce contexte, le Dark Eagle, à ce stade purement conventionnel, pourrait offrir une marge de manœuvre aux responsables américains qui cherchent à atteindre des cibles sensibles sans recourir aux armes nucléaires. Les progrès technologiques réalisés depuis la Guerre froide permettent en effet d’envisager une précision suffisante pour se dispenser de charges atomiques, ce qui modifie la nature des réponses militaires envisageables.

Des effets stratégiques sans recours direct au nucléaire

Si le LRHW symbolise l’ambition américaine de rééquilibrer un panorama stratégique mouvant, il ne faut pas négliger le fait que d’autres États avancent également. La France développe un planeur hypersonique, le V-Max, ainsi que le missile ASN4G destiné à remplacer des engins de dissuasion déjà existants. L’accélération des recherches ou des mises en service dans ce domaine, autrefois cantonné aux superpuissances, reflète un environnement où la technique et l’innovation déterminent la forme des défis à venir. En dépit des impératifs de neutralité et des réticences à franchir certaines lignes, chaque nouvelle capacité pourrait, à terme, influer sur la stabilité entre les protagonistes. Le Dark Eagle, en regroupant propulsion, planeur hypersonique et capacités de tir mobile, illustre cette évolution, sans nécessiter de changements fondamentaux dans la dissuasion nucléaire, mais en offrant des moyens d’action alternatifs. Alors que l’hypersonique se démocratise, la compétition s’étend à un espace plus dense de prétendants, redéfinissant ce qui était autrefois un champ réservé à quelques-uns.

Une réponse

  1. Avatar de Anti ayacha
    Anti ayacha

    plutôt un chanteur avec une double nationalité Algérienne et marocain
    et interdit de rentrer en Algérie 😂

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