France : Orano perd sa mine au Niger après les tensions

Mine d'uranium au Niger (Orano)

Depuis la prise de pouvoir des militaires en juillet 2023 au Niger, la dégradation des relations avec la France a conduit à une série de décisions majeures. Le nouveau gouvernement nigérien a d’abord exigé le départ des 1.500 soldats français stationnés sur son territoire, puis a révoqué plusieurs accords militaires bilatéraux. Cette rupture diplomatique a rapidement affecté les intérêts économiques français dans le pays, notamment dans le secteur stratégique de l’uranium, où le groupe Orano, héritier d’Areva, occupait une position dominante depuis plus de cinquante ans.

Le Niger reprend les rênes de son uranium

Les autorités nigériennes viennent de prendre le contrôle opérationnel de la Société des mines de l’Aïr (Somaïr), défiant la position d’actionnaire majoritaire d’Orano qui détient 63,4% des parts. Cette reprise en main par le Niger bouleverse un demi-siècle de présence française dans l’exploitation de l’uranium à Arlit. Le gouvernement nigérien refuse désormais d’appliquer les décisions des conseils d’administration, marquant ainsi sa détermination à gérer souverainement ses ressources naturelles. Cette situation met en péril l’avenir des 750 employés directs et des centaines de sous-traitants de la mine.

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L’uranium nigérien au cœur des tensions internationales

Les relations entre Niamey et Paris ont atteint un point critique en juin dernier. Le Niger a retiré à Orano le permis d’exploitation d’Imouraren, un gisement majeur contenant près de 200 000 tonnes d’uranium, après des années de reports et de non-respect des engagements d’exploitation par le groupe français. Cette décision traduit l’exaspération des autorités nigériennes face aux retards accumulés sur ce projet stratégique. Le pays, qui représente 4,7% de la production mondiale d’uranium naturel, cherche maintenant à diversifier ses partenariats. Les sociétés russes ont notamment été invitées par le ministre des mines Ousmane Abarchi à explorer les richesses minières du pays, signalant une possible réorientation géostratégique du Niger dans le secteur de l’uranium.

Un bras de fer économique aux lourdes conséquences

La situation financière de la Somaïr se dégrade rapidement. Un millier de tonnes d’uranium, d’une valeur marchande de 300 millions d’euros, restent bloquées sur le site d’Arlit. La fermeture de la frontière avec le Bénin, traditionnel corridor d’exportation, paralyse toute la chaîne logistique. Face à cette impasse, Orano a proposé des routes alternatives, notamment via la Namibie, sans succès. Le groupe français, détenu à 90% par l’État, prévoit désormais de porter l’affaire devant les instances juridiques compétentes. Pendant ce temps, la poursuite de la production sans possibilité d’exportation fragilise chaque jour davantage l’équilibre financier de l’entreprise, menaçant la pérennité même de l’exploitation minière.

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