L’année 2024 a été marquée par une reconfiguration majeure du marché mondial du gaz, conséquence directe des tensions géopolitiques persistantes. La crise ukrainienne a continué de bouleverser les circuits d’approvisionnement traditionnels, poussant l’Europe à diversifier ses sources d’importation. Cette mutation du paysage énergétique a notamment propulsé les États-Unis au rang de premier fournisseur européen de gaz naturel liquéfié (GNL), illustrant la nouvelle donne géopolitique du secteur gazier.
Nouveau record de consommation et mutations du marché
La demande mondiale de gaz naturel a franchi un cap historique en 2024, avec une augmentation de 2,8% par rapport à 2023, soit 115 milliards de mètres cubes supplémentaires. Cette progression, nettement supérieure à la moyenne de 2% observée entre 2010 et 2020, témoigne du rôle croissant du gaz dans le mix énergétique mondial. Cette ressource a notamment assuré 40% de la hausse totale de la demande énergétique, surpassant tous les autres combustibles. Son adoption grandissante résulte de sa capacité à remplacer le pétrole dans des secteurs stratégiques comme le transport routier longue distance et la production électrique, tout en générant moins d’émissions de CO2 que ses alternatives fossiles.
L’Asie, moteur de la croissance future
Les projections pour 2025 dessinent une trajectoire ascendante de la consommation, principalement tirée par le dynamisme des marchés asiatiques. Cette perspective intervient alors que l’équilibre du marché mondial demeure précaire, caractérisé par une offre limitée et une volatilité des prix exacerbée par les tensions internationales. La fin du transit gazier russe par l’Ukraine, effective depuis le 1er janvier 2025, pourrait accentuer la pression sur le marché du GNL, particulièrement pour l’Union européenne qui devra augmenter ses importations de gaz liquéfié.
Redistribution des cartes dans l’approvisionnement européen
Malgré une baisse de 18% des importations européennes de GNL en 2024, la réorganisation des flux d’approvisionnement révèle des dynamiques inattendues. Si les États-Unis maintiennent leur position dominante, la Russie a paradoxalement accru de 17% ses livraisons de GNL vers l’Europe, principalement depuis le site sibérien de Yamal LNG. La Belgique, la France et l’Espagne ont absorbé 85% de ces importations russes, illustrant la complexité des relations énergétiques euro-russes malgré les tensions diplomatiques. Cette situation souligne la difficulté pour l’Europe de s’affranchir totalement du gaz russe, même sous sa forme liquéfiée, alors que le continent cherche à concilier sécurité énergétique et transition vers des sources moins émettrices de CO2.
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