La course aux infrastructures gazières en Afrique connaît une dynamique particulière avec trois projets majeurs en compétition. Le gazoduc transsaharien (TSGP), reliant le Nigeria à l’Algérie via le Niger, représente une alternative historique pour acheminer le gaz nigérian vers l’Europe. En parallèle, le projet Nigeria-Maroc et le gazoduc transsaharien visent à redéfinir les routes énergétiques du continent, chacun proposant des tracés et des partenariats distincts pour valoriser les ressources gazières africaines.
L’ONHYM valide les études techniques du gazoduc Nigeria-Maroc
Lors d’une interview au Policy Center for the New South, Amina Benkhadra, directrice générale de l’Office National des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM), a annoncé l’achèvement des études de faisabilité et d’ingénierie détaillée. Ce gazoduc de 5 500 kilomètres empruntera un tracé maritime jusqu’à Dakhla avant de longer la côte atlantique marocaine. Les études d’impact environnemental, cruciales pour le soutien des institutions financières, sont actuellement menées par les équipes techniques. La décision finale d’investissement interviendra début 2025, marquant le lancement opérationnel du projet.
La rentabilité économique au cœur des négociations
La responsable marocaine met en avant les avantages comparatifs du projet par rapport au gaz naturel liquéfié. L’ONHYM souligne que les coûts de transport et la capacité d’acheminement rendent le gazoduc plus compétitif. Un accord intergouvernemental sera prochainement signé par les chefs d’État des pays concernés, consolidant le cadre juridique du projet. La CEDEAO, la Mauritanie et les pays sahéliens enclavés participent activement aux discussions, attestant de l’importance régionale de cette infrastructure.
La bataille des gazoducs entre Alger et Rabat
La concurrence entre le Maroc et l’Algérie pour le contrôle des routes gazières vers l’Europe s’intensifie. Alger, qui a interrompu en 2021 les livraisons de gaz via le gazoduc Maghreb-Europe traversant le Maroc, mise sur le projet transsaharien (TSGP). Ce gazoduc, fruit d’un accord tripartite entre l’Algérie, le Niger et le Nigeria signé en juillet 2022, vise à créer une route alternative pour le gaz nigérian. Le Maroc répond par son projet de gazoduc atlantique, soutenu par le Nigeria depuis 2016. Cette rivalité illustre les enjeux géostratégiques majeurs autour du contrôle des ressources énergétiques en Afrique du Nord et de l’Ouest, chaque pays cherchant à s’imposer comme hub énergétique régional vers l’Europe.
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