La France et l’Algérie traversent une nouvelle période de turbulences diplomatiques cristallisée autour d’un incident migratoire sans précédent. Le 4 janvier 2025, l’interpellation à Montpellier d’un influenceur algérien de 59 ans, connu sous le pseudonyme « Doualemn« , pour des appels à la violence sur TikTok, a déclenché une série de mesures et contre-mesures entre Paris et Alger. Après son expulsion vers l’Algérie le 10 janvier, les autorités algériennes l’ont immédiatement renvoyé en France, provoquant une escalade verbale entre les deux pays.
Une guerre des mots qui cache des enjeux profonds
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a brandi des menaces de représailles concrètes envers Alger. Parmi les leviers évoqués figurent la politique des visas et l’aide au développement. Cette posture musclée témoigne d’une exaspération française face à ce que le porte-parole du Quai d’Orsay, Christophe Lemoine, qualifie « d’attitude hostile » adoptée par l’Algérie depuis plusieurs semaines. Le refus algérien d’accueillir son ressortissant a particulièrement irrité Paris, qui y voit une volonté délibérée d’humiliation, selon les mots du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
La droite française monte au créneau
L’incident a ravivé le débat sur les accords migratoires franco-algériens de 1968, qui accordent un statut particulier aux ressortissants algériens. Les chiffres révélés par la direction générale des étrangers montrent que 646 462 titres de séjour ont été délivrés à des Algériens en 2023, plaçant l’Algérie en tête des pays bénéficiaires. La droite et l’extrême droite françaises ont saisi cette occasion pour réclamer une révision de ces accords historiques. Le député RN Jean-Philippe Tanguy a notamment dénoncé une « soumission » de la France au « régime algérien » depuis plus de cinquante ans.
Alger dénonce une instrumentalisation politique
Face à ces accusations, Alger a vigoureusement réagi en dénonçant une « campagne de désinformation » orchestrée par « l’extrême droite revancharde et haineuse » et ses représentants au sein du gouvernement français. Les autorités algériennes justifient leur décision de renvoyer l’influenceur en France par la nécessité de lui permettre de répondre aux accusations portées contre lui dans un cadre judiciaire équitable. Cette argumentation juridique contraste avec la lecture politique qu’en fait Paris, illustrant la difficulté persistante des deux pays à maintenir un dialogue apaisé malgré leurs liens historiques et l’intensité de leurs échanges.
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