Entre 2011 et 2023, la Syrie a connu une configuration géopolitique particulière, avec un soutien militaire et diplomatique constant de la Russie et de l’Iran au gouvernement de Bachar al-Assad. L’intervention militaire russe de 2015 avait notamment permis à l’armée gouvernementale de reprendre plusieurs zones du territoire. Les forces iraniennes et le Hezbollah libanais constituaient également des appuis majeurs pour le pouvoir de Damas, à travers leur présence sur le terrain et leur assistance logistique.
Les signes avant-coureurs d’un changement de rapports de force
Les premières fissures dans la relation entre Damas et Moscou sont apparues fin novembre 2024. Le président syrien s’est rendu dans la capitale russe pour solliciter une aide d’urgence face à l’avancée des forces d’opposition. Son séjour au Four Seasons s’est prolongé quarante-huit heures avant d’obtenir une audience avec Vladimir Poutine. D’après les révélations de Kamel Saqr à Al-Arabiya, l’entretien n’a débouché sur aucune mesure concrète. Le chef du service d’information présidentiel souligne que l’absence de déclaration commune après cette rencontre constituait déjà un signal inhabituel dans les relations russo-syriennes.
Un déclin militaire accéléré
La chute d’Alep a catalysé une série de revers pour le pouvoir syrien. Les tentatives de médiation se sont multipliées début décembre, notamment à travers deux missions diplomatiques iraniennes. Abbas Arakji puis Ali Larijani se sont succédés à Damas pour des entretiens que Kamel Saqr qualifie de tendus. Ces visites n’ont pas enrayé la progression des forces adverses, qui ont pris le contrôle de Homs quelques jours plus tard. Le retrait progressif des milices pro-iraniennes et l’affaiblissement du Hezbollah par les frappes israéliennes ont accentué l’isolement militaire du régime.
La fin d’une présidence
Le départ de Bachar al-Assad s’est déroulé dans la plus grande discrétion. Un premier vol depuis Damas l’a conduit vers la base militaire de Hmeimim, accompagné uniquement de ses fils et de quelques hauts responsables militaires. Un second appareil les a ensuite transportés vers Moscou. Le personnel du palais présidentiel n’a été informé qu’au dernier moment, comme en témoigne Kamel Saqr, dernier à quitter les lieux cette nuit-là. Cette séquence nocturne du 8 décembre 2024 marque l’achèvement d’un cycle politique entamé en 2000.
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