Les États-Unis connaissent depuis des décennies des flux migratoires complexes à leur frontière méridionale. Dans les années 1980, l’arrivée massive de réfugiés d’Amérique centrale fuyant les guerres civiles avait déjà poussé les autorités à renforcer les contrôles. Cette tendance s’est intensifiée après les attentats du 11 septembre 2001, avec la création du Département de la Sécurité intérieure. Les vagues migratoires se sont ensuite succédé par cycles, notamment en 2014 avec la « crise des mineurs non accompagnés » venus d’Amérique centrale, puis en 2018-2019 avec l’arrivée des caravanes de migrants.
Une militarisation croissante de la frontière
Le nouveau président Donald Trump a ordonné le déploiement de 1500 soldats en service actif le long de la frontière mexicaine, marquant une rupture nette avec la politique de son prédécesseur Joe Biden. Ces militaires viendront épauler les 2500 membres de la Garde nationale et de la réserve déjà présents sur place, ainsi que les 20 000 agents de la patrouille frontalière. Les nouvelles troupes assureront des missions de surveillance aérienne par hélicoptère et participeront à l’érection de barrières physiques. Le Pentagone prévoit également de fournir des avions supplémentaires pour l’expulsion de plus de 5000 immigrants en situation irrégulière.
Un cadre juridique strict mais contournable
La loi Posse Comitatus de 1878 interdit théoriquement aux forces armées d’exercer des fonctions de police sur le territoire américain. Toutefois, le président Trump pourrait invoquer la loi sur l’insurrection de 1807 pour contourner cette restriction, comme l’avait fait George H.W. Bush en 1992 lors des émeutes de Los Angeles. Le secrétaire à la Défense par intérim Robert Salesses a d’ailleurs laissé entendre que ce déploiement initial pourrait n’être qu’une première étape, avec la possibilité d’envoyer jusqu’à 2000 Marines supplémentaires si nécessaire.
Une stratégie en construction
Le nouveau locataire de la Maison Blanche a chargé ses ministres de la Défense et de la Sécurité intérieure d’évaluer sous trois mois l’opportunité d’invoquer la loi sur l’insurrection. Cette militarisation accrue de la frontière sud traduit la volonté présidentielle de durcir la politique migratoire américaine. Les soldats déployés collaboreront étroitement avec les agences fédérales et les autorités des États frontaliers pour mettre en Å“uvre cette nouvelle approche sécuritaire. Si les missions actuelles excluent le maintien de l’ordre direct, cette situation pourrait évoluer en fonction des directives futures de l’administration Trump.
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