Dans un contexte de tensions diplomatiques renouvelées entre la France et l’Algérie, Louis Bulidon, ancien ingénieur chimiste français et vétéran des essais nucléaires en Algérie, sort de son silence. À travers une tribune publiée sur Mediapart et adressée au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, il dénonce l’héritage toxique des campagnes d’essais nucléaires françaises dans le Sahara algérien, particulièrement à Reggane (1960-1961) et In Ekker (1961-1966).
Témoin direct de l’accident du tir Béryl le 1er mai 1962, Bulidon met en lumière l’abandon des populations locales exposées aux radiations, sans reconnaissance ni réparation de la part de la France. Il souligne particulièrement la persistance du danger lié aux déchets radioactifs enfouis dans le sable, notamment sur le site d’In Ekker, et dénonce l’inefficacité de la loi Morin de 2010, censée indemniser les victimes.
Un engagement artistique et militant
L’ancien ingénieur, aujourd’hui âgé de 88 ans, a également collaboré avec l’artiste plasticien algérien Ammar Bouras pour témoigner de cette période sombre à travers l’art. Leur travail, présenté à la 12e Biennale d’art contemporain de Berlin en 2022, a reçu une reconnaissance internationale, mais n’a suscité aucune réaction officielle de l’État français.
Dans sa tribune, Bulidon interpelle directement les autorités françaises sur leur responsabilité historique, soulignant qu’elles ne peuvent prétendre « tourner la page sur ce passé peu glorieux » hérité de la colonisation, quels que soient les désaccords diplomatiques actuels entre les deux pays.
Un appel à la reconnaissance
Ce témoignage relance le débat sur la nécessité d’une reconnaissance pleine et entière des conséquences des essais nucléaires français en Algérie, tant sur le plan humain qu’environnemental. La question reste posée : les autorités françaises se saisiront-elles enfin de ce dossier pour lever le voile sur une vérité longtemps occultée ?
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