France: la Chine frappe en douce, ce secteur en tremble

(Selim Chtayti/AP/Sipa)

Les relations commerciales sino-européennes se sont progressivement détériorées ces dernières années, notamment depuis que l’Union européenne a adopté une posture plus ferme face aux pratiques commerciales chinoises jugées déloyales. En 2018, la Commission européenne a lancé plusieurs enquêtes concernant des subventions industrielles chinoises et des transferts de technologies forcés. La situation s’est aggravée avec la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine initiée sous l’administration Trump, qui a eu des répercussions sur les échanges mondiaux. Plus récemment, l’UE a ouvert des enquêtes antidumping sur les importations de véhicules électriques chinois, accusant Pékin de subventionner massivement son industrie automobile, ce qui a provoqué des mesures de rétorsion de la part des autorités chinoises sur plusieurs produits européens, dont les spiritueux français.

Le cognac français face à une tempête tarifaire sans précédent

L’industrie du cognac subit de plein fouet les conséquences de ces tensions commerciales. Suite à l’audition de plusieurs producteurs majeurs dont Pernod Ricard, les autorités chinoises envisagent d’appliquer un taux moyen de 34,8% sur les importations de cognac. Cette hausse brutale risque de dissuader les consommateurs chinois d’acheter ces produits déjà considérés comme premium, favorisant ainsi les eaux-de-vie locales.

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Rétorsions commerciales : le luxe français, victime collatérale des tensions sino-européennes

Au-delà des droits de douane, la Chine a silencieusement mis en place d’autres mesures restrictives. Depuis décembre dernier, les cognacs français ont mystérieusement disparu des rayons des boutiques duty free chinoises. Ces magasins détaxés, présents non seulement dans les aéroports mais aussi au cœur des zones urbaines et dans les grands centres touristiques du pays, ne peuvent plus s’approvisionner en spiritueux français. Pourtant, cosmétiques et whiskys étrangers continuent d’y être commercialisés normalement.

Cette exclusion, qui n’a fait l’objet d’aucune notification officielle, représente un coup dur pour les maisons de cognac. La Chine constitue leur premier marché en valeur, et les ventes détaxées y représentent 20% du total, principalement des bouteilles haut de gamme achetées comme cadeaux prestigieux. Les observateurs du secteur y voient une mesure de rétorsion géopolitique en réponse directe à la confirmation par l’Europe de l’application de droits sur les importations de véhicules électriques chinois.

L’enquête antidumping lancée il y a plus d’un an par Pékin sur les brandies européens prend ainsi une nouvelle dimension avec ces mesures additionnelles. Les producteurs charentais se retrouvent doublement pénalisés : par des taxes prohibitives et par leur exclusion des circuits de distribution stratégiques.

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