Les débats sur l’immigration continuent de diviser l’Europe, où la recherche d’opportunités économiques se heurte à des inquiétudes liées à l’intégration et à la préservation des identités nationales. Des tensions, alimentées par des inquiétudes sur la concurrence sur le marché du travail et la sécurité sociale, se retrouvent aujourd’hui dans le cas de Malte, qui voit sa politique migratoire évoluer face à des besoins économiques spécifiques et à une main-d’œuvre en tension.
Des chiffres qui bousculent les repères
L’année 2024 a été marquée par l’attribution de 33 455 permis de résidence de première demande à des ressortissants de pays tiers. Ces données, communiquées par le ministre maltais de l’Intérieur, Byron Camilleri, s’appuient sur les derniers relevés d’Identita et de Schengen.News. Alors que le nombre global de permis pour les ressortissants internationaux, qu’ils proviennent de l’Union Européenne ou d’autres régions, semble s’être stabilisé par rapport aux années précédentes, on observe néanmoins une évolution contrastée. En effet, les documents de séjour délivrés aux citoyens de l’Espace économique européen et de la Suisse ont diminué de 2 227, tandis que les programmes spécifiques, comme le Malta Permanent Residence Programme (MPRP), le Malta Residency and Visa Programme (MRVP) et le dispositif pour nomades digitaux, connaissent une véritable montée en puissance.
Des programmes attractifs et rentables
L’attractivité de Malte ne réside plus uniquement dans son climat méditerranéen. Les demandes pour le MPRP ont atteint 1 500 en 2024, générant des recettes considérables pour l’État, avec 46 millions d’euros alimentant le fonds consolidé, sans oublier 50 millions d’euros issus de contrats de location sur cinq ans et 36 millions d’euros liés à l’achat de biens immobiliers. Par ailleurs, le programme dédié aux nomades digitaux a enregistré 1 031 candidatures. Ces professionnels, aux revenus moyens avoisinant les 76 000 euros annuels, apportent un dynamisme économique supplémentaire, illustré par des dépenses totales estimées à environ 5 millions d’euros pour près de 542 d’entre eux.
Un impact direct sur le marché du travail
La dynamique migratoire maltaise se révèle aussi dans le secteur de l’emploi. Confronté à des pénuries significatives dans des domaines tels que la fabrication, la santé, la construction, l’hôtellerie-restauration et le transport, le pays offre ainsi aux travailleurs étrangers une chance réelle d’intégrer un marché en quête de compétences spécifiques. Afin de faciliter l’embauche, les autorités encouragent la diffusion des offres d’emploi sur des plateformes dédiées, garantissant ainsi une meilleure visibilité des postes vacants pour les résidents locaux et les citoyens européens. Cette stratégie se traduit par une synergie entre l’attraction des investissements immobiliers et la réponse aux besoins en main-d’œuvre, permettant à Malte de tirer parti de ses politiques migratoires pour renforcer son économie.
Face à ces évolutions, l’exemple maltais illustre comment des politiques migratoires ciblées peuvent répondre à la fois aux exigences économiques et aux défis sociaux. L’expérience de Malte offre une vision concrète des enjeux actuels, où l’intégration des nouveaux résidents et l’adaptation aux besoins du marché du travail se traduisent par une modernisation des mécanismes d’accueil, tout en suscitant des interrogations sur l’équilibre entre ouverture et préservation des spécificités nationales.
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