Lithium en Afrique : comment la Chine tisse sa toile face à l’occident

Roche de lithium (JACK WOLFE, NEW LINES MAGAZINE)

Le lithium occupe une place essentielle dans la transition énergétique actuelle, en fournissant les éléments clés pour la production de batteries utilisées dans les véhicules électriques et les systèmes de stockage d’énergie. Face à une demande mondiale croissante, la sécurisation de ce minerai est devenue un enjeu stratégique majeur pour les pays souhaitant s’affirmer dans l’industrie énergétique. Dans ce contexte, la stratégie chinoise s’appuie sur des projets en Afrique pour renforcer sa maîtrise de la chaîne d’approvisionnement, tout en développant en parallèle ses propres sites miniers sur le territoire national.

Goulamina : une opération chinoise en terrain malien

Situé à environ 150 kilomètres au sud de Bamako, le projet Goulamina représente l’un des plus grands gisements de lithium non exploités en Afrique. Lancé en décembre 2023, ce projet prévoit une production annuelle de 506 000 tonnes de concentré lors de sa première phase, avec des perspectives d’augmentation lors des étapes suivantes. La société chinoise Ganfeng Lithium détient 65 % de cette initiative, témoignant de la volonté de la Chine de contrôler intégralement certaines opérations stratégiques. Ce modèle de gestion, où l’investisseur chinois prend en charge l’ensemble du processus, offre une garantie d’approvisionnement à long terme et renforce la position du pays dans le secteur des batteries.

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Diversification des investissements sur le continent

Outre le projet Goulamina, la Chine s’est impliquée dans plusieurs autres initiatives minières en Afrique, bien que sous des formes de partenariats plutôt que par une gestion exclusive. Par exemple, le projet de la mine Bikita au Zimbabwe et le gisement de Manono en République démocratique du Congo attirent des investissements chinois, sans toutefois être entièrement sous leur contrôle. Dans ces cas, la coopération avec des acteurs locaux permet d’allier expertise étrangère et connaissance du terrain, mais limite la prise en main totale des opérations par les entreprises chinoises. Cette stratégie mixte, qui combine gestion intégrale sur certains sites et partenariats sur d’autres, témoigne de la volonté de diversifier les sources d’approvisionnement en lithium tout en tenant compte des réalités locales.

Vers une domination intégrée dans le secteur des batteries

La montée en puissance de la Chine dans le secteur des batteries ne repose pas uniquement sur l’exploitation de ressources en Afrique. En parallèle des investissements à l’étranger, la Chine développe et exploite également ses propres mines sur son territoire national, garantissant ainsi une double approche pour sécuriser le lithium nécessaire à l’industrie. Cette démarche intégrée permet au pays de maintenir une position dominante dans la fabrication de batteries pour véhicules électriques et autres applications énergétiques. La coordination entre les projets internationaux comme Goulamina et les opérations internes renforce sa compétitivité sur un marché en constante évolution, où le contrôle de la chaîne d’approvisionnement représente un avantage stratégique indéniable.

La stratégie chinoise dans le secteur du lithium en Afrique illustre une approche nuancée : si certains projets, tels que Goulamina, sont entièrement gérés par des entreprises chinoises, d’autres initiatives reposent sur des partenariats avec des acteurs locaux. Cette dualité permet de répondre aux défis spécifiques de chaque contexte, tout en consolidant la position de la Chine dans le marché mondial des batteries et de l’énergie propre. Les données, à jour jusqu’en 2023, confirment la pertinence de cette démarche dans un environnement économique en pleine mutation.

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