Le territoire du Sahara occidental représente depuis des décennies un foyer majeur de contestation diplomatique et politique. Ce conflit territorial, qui oppose principalement le Maroc revendiquant sa souveraineté sur cette région et le Front Polisario soutenu par l’Algérie qui milite pour l’indépendance, a créé une fracture profonde entre les pays du Maghreb. La question divise également les nations européennes, certaines reconnaissant les prétentions marocaines tandis que d’autres défendent le droit à l’autodétermination. Les récentes décisions juridiques émanant de la Cour de justice de l’Union européenne concernant l’exploitation des ressources maritimes sahraouies ont davantage exacerbé ces tensions, provoquant régulièrement des crises diplomatiques entre le royaume chérifien et plusieurs capitales européennes.
L’expulsion controversée de parlementaires européens
L’incident qui a mis le feu aux poudres s’est produit la semaine dernière à Laâyoune, principale ville du Sahara occidental sous contrôle marocain. Trois députés européens – l’Espagnole Isa Serra (Podemos), la Portugaise Catarina Martins (Bloco de Esqueda) et le Finlandais Jussi Sáramo (Alliance de Gauche) – tentaient d’y mener une mission d’observation relative à l’application de l’arrêt de la Cour de justice européenne invalidant les accords de pêche UE-Maroc. Selon leurs témoignages, les autorités marocaines les ont retenus à l’aéroport sans justification avant de les expulser vers Las Palmas aux Canaries.
Cette expulsion a déclenché une vague de réactions indignées. Les parlementaires ont immédiatement saisi les instances européennes, exigeant l’imposition de sanctions contre Rabat. Madrid a réagi avec fermeté, critiquant sévèrement l’attitude des autorités marocaines et demandant à son ambassadeur de s’impliquer directement pour résoudre cette crise. Le Front Polisario a quant à lui fermement condamné cette décision d’expulsion, y voyant une nouvelle illustration de l’obstruction marocaine face aux observateurs internationaux.
La position marocaine et sa stratégie diplomatique
Face à ces accusations, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a tenu à clarifier la position de son pays lors d’une conférence de presse à Rabat. Il a qualifié la démarche des trois députés de « provocation » délibérée, leur reprochant d’avoir tenté d’entrer sur le territoire sans respecter les procédures réglementaires obligatoires.
Le responsable de la diplomatie marocaine a défendu la position de son gouvernement en soulignant que « à l’image de toute nation indépendante, les séjours au Maroc – qu’ils soient d’ordre diplomatique, personnel ou professionnel – nécessitent le respect de formalités administratives établies conformément aux dispositions légales en vigueur. » Dans sa déclaration, il a mis en avant l’accueil réussi par le royaume de « plusieurs millions de visiteurs étrangers et diverses délégations institutionnelles chaque année sans complications notables. » Pour renforcer sa démonstration, le ministre a évoqué le déplacement récent à Laâyoune du président de la chambre haute française, Gérard Larcher, et a rappelé les fréquentes visites de délégations commerciales et représentants internationaux qui se sont déroulées sans accroc. « Nous accueillons volontiers toute personne respectueuse de notre cadre juridique. En revanche, nous ne transigerons pas avec l’application des lois face à ceux qui tentent de s’y soustraire, » a-t-il affirmé pour conclure.
Cette nouvelle escalade diplomatique illustre la persistance des frictions autour du dossier sahraoui et la détermination marocaine à défendre sa position, quitte à fragiliser ses relations avec certains pays européens, dont l’Espagne, son voisin direct.
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