Afrique: des attaques de drones ont tué des centaines de civils

Drone turc bayraktar tb2 (Photo Wikipedia)

Les drones, souvent présentés comme des outils stratégiques pour neutraliser des menaces précises, jouent un rôle de plus en plus central dans les conflits modernes. Toutefois, un rapport récent met en lumière une réalité bien plus inquiétante : ces appareils militaires, censés cibler des adversaires spécifiques, provoquent également la mort de nombreux civils à travers l’Afrique.

D’après le rapport publié par Drone Wars UK, près de 1 000 civils ont perdu la vie et plusieurs centaines ont été blessés lors d’attaques de drones militaires sur le continent. En trois ans, au moins 50 frappes confirmées ont été recensées, illustrant une tendance alarmante à l’usage de ces armes sans véritable mécanisme de responsabilité. Les conflits en Éthiopie, au Mali, au Burkina Faso, au Soudan, en Somalie et au Nigeria sont les principaux théâtres de ces frappes meurtrières.

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En Éthiopie, par exemple, les forces armées ont utilisé des drones contre le Front de libération du peuple du Tigré, causant la mort de plus de 490 civils en 26 frappes distinctes. De même, au Mali, au moins 64 personnes ont été tuées par des drones déployés contre des groupes séparatistes dans le nord du pays. Le Burkina Faso n’est pas épargné : plus de 100 civils ont péri sous les frappes de drones de l’armée malienne, souligne le rapport.

Un aspect préoccupant soulevé par l’étude est l’origine des drones utilisés. La plupart de ces appareils sont importés de Turquie, de Chine et d’Iran, notamment les modèles Bayraktar TB2, réputés pour leur endurance et leur capacité à mener des opérations prolongées de surveillance et d’attaque. Au Soudan, leur emploi dans des zones densément peuplées, comme la capitale Khartoum, a provoqué des conséquences particulièrement graves pour les populations civiles. Tandis que l’armée soudanaise déploie des drones iraniens, chinois et turcs, son adversaire, les Forces de soutien rapide (RSF), utilise des engins fournis par les Émirats arabes unis.

Le cas du Burkina Faso illustre bien la complexité de cette situation. Le gouvernement met en avant l’efficacité des frappes de drones dans la lutte contre l’insurrection djihadiste, les présentant comme une avancée technologique permettant d’éliminer les menaces. Pourtant, sur le terrain, la réalité diffère. En août 2023, un marché du village de Bouro a été touché par une frappe de drone, tuant 28 civils. Ce type d’événement alimente une insécurité grandissante et questionne la légitimité des frappes officiellement revendiquées comme ciblées.

Face à cette escalade, la communauté internationale est appelée à réagir. Cora Morris, de Drone Wars UK, insiste sur l’urgence d’un cadre réglementaire pour éviter une généralisation incontrôlée de ces pratiques. Selon elle, si aucune mesure n’est prise rapidement, les pertes civiles continueront d’augmenter, exacerbant les tensions et les conflits déjà existants.

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L’essor des drones militaires en Afrique soulève ainsi des enjeux majeurs. Si ces technologies permettent d’améliorer la capacité de frappe des armées, leur usage incontrôlé expose les populations civiles à des risques accrus. La nécessité d’un encadrement strict s’impose donc pour limiter ces dérives et garantir une meilleure protection des non-combattants dans les zones de conflit.

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