Les relations entre la France et ses anciennes colonies africaines ont été marquées par des tensions croissantes ces dernières années. Des critiques récurrentes pointent du doigt une ingérence politique, un soutien à des régimes autoritaires et une exploitation économique au profit des élites, souvent désignées sous le terme de « Françafrique« . L’utilisation continue du franc CFA est également contestée, certains y voyant un outil de contrôle monétaire limitant la souveraineté économique des nations africaines.
Retrait progressif des troupes françaises en Afrique de l’Ouest
La présence militaire française en Afrique de l’Ouest, notamment à travers l’opération Barkhane, a été remise en question en raison de son efficacité limitée à endiguer le terrorisme et de son impact sur les populations locales. Cette situation a conduit à une réduction significative des troupes françaises dans la région, passant de 10 000 soldats à 2 000 en cinq ans. Des pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont mis fin à leurs accords de défense avec la France, entraînant le retrait des forces françaises de leurs territoires. Plus récemment, le Sénégal et le Tchad ont également demandé le départ des troupes françaises, marquant une volonté accrue de ces nations d’affirmer leur souveraineté et de redéfinir leurs partenariats stratégiques.
Initiatives récentes pour une coopération renouvelée
Face à ces critiques et à la diminution de son influence militaire, la France a entrepris des actions pour améliorer ses relations avec l’Afrique. En octobre 2024, le président Emmanuel Macron a participé au XIXᵉ Sommet de la Francophonie à Villers-Cotterêts et Paris, visant à renforcer les liens culturels et linguistiques avec les pays africains francophones. De plus, en octobre 2024, Macron a rencontré le roi Mohammed VI au Maroc pour sceller une réconciliation diplomatique et signer des accords économiques, notamment dans le domaine des infrastructures et des énergies renouvelables. Ces initiatives illustrent la volonté de la France de redéfinir ses relations avec l’Afrique sur des bases plus équitables et respectueuses des aspirations des nations africaines.
La visite de Thani Mohamed-Soilihi au Sénégal
Dans le cadre de cette démarche, le ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux, Thani Mohamed-Soilihi, s’est rendu au Sénégal les 10 et 11 mars 2025. Cette visite avait pour objectif de renforcer et de rénover le partenariat entre la France et le Sénégal, en mettant l’accent sur le respect mutuel et les intérêts réciproques. Le ministre a rencontré Yassine Fall, ministre sénégalaise de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, pour faire le point sur les projets de coopération initiés lors du sommet entre les présidents français et sénégalais en juin 2024. Il a également visité des sites liés aux Jeux olympiques de la jeunesse de 2026, soutenus par l’Agence française de développement, ainsi que le Centre de formation aux métiers portuaires et à la logistique, illustrant l’engagement de la France dans la formation professionnelle et l’employabilité des jeunes sénégalais.
Durcissement de la politique migratoire française et perception en Afrique
Parallèlement à ces initiatives de rapprochement, la France a durci sa politique migratoire, renforçant les conditions d’entrée et de séjour pour les ressortissants africains. Cette évolution n’est pas passée inaperçue sur le continent africain, où elle est perçue comme contradictoire avec le discours officiel prônant une coopération renouvelée et respectueuse. De nombreux Africains y voient une dissonance entre une rhétorique en France souvent teintée de considérations sécuritaires et identitaires, et les messages adressés aux partenaires africains visant à préserver les relations économiques et diplomatiques.
Cette dualité alimente un sentiment de méfiance et complique les efforts de réconciliation entrepris par la France pour redéfinir ses relations avec l’Afrique sur des bases plus équitables.
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