Armement : ce pays européen maintient des commandes américaines

Boris Pistorius (Photo ministère)

Les relations transatlantiques traversent une période de turbulence marquée depuis plusieurs années. Sous la présidence Trump, les États-Unis ont multiplié les frictions avec leurs alliés européens, imposant des tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium, critiquant ouvertement les contributions insuffisantes des pays européens au budget de l’OTAN, et menaçant régulièrement de réduire leur engagement sécuritaire sur le continent. Cette tension commerciale et diplomatique a ravivé en Europe les débats sur l’autonomie stratégique et la dépendance vis-à-vis des technologies militaires américaines, particulièrement dans le secteur de l’aéronautique de défense.

Face au vieillissement de sa flotte, l’Allemagne s’est retrouvée devant plusieurs options : acquérir le F-35A américain de Lockheed-Martin, se tourner vers les F/A-18 Super Hornet et E/A-18G Growler de Boeing, ou attendre le développement du SCAF (Système de Combat Aérien du Futur), projet franco-allemand encore en gestation.

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Le bras de fer entre souveraineté européenne et réalités opérationnelles

L’acquisition envisagée des chasseurs américains a provoqué une levée de boucliers chez les industriels européens. Le groupe Airbus Defence & Space a vigoureusement contesté cette orientation, alertant sur les dangers d’une subordination technologique accrue au complexe militaro-industriel américain. Ces préoccupations ont trouvé un écho favorable auprès des autorités françaises, partenaires de l’Allemagne dans la conception du futur avion de combat européen.

Pour calmer les tensions, Berlin a adopté une approche équilibrée en commandant simultanément quinze Eurofighter EF-2000 spécialisés dans les opérations de guerre électronique. Cette manœuvre n’a toutefois pas suffi à apaiser toutes les inquiétudes, d’autant que le gouvernement allemand poursuit ses emplettes outre-Atlantique avec l’acquisition programmée d’avions de surveillance maritime P-8A Poseidon et d’hélicoptères lourds CH-47F Chinook.

L’enveloppe financière colossale du programme F-35 — avoisinant les dix milliards d’euros infrastructure comprise — alimente également les critiques dans un pays traditionnellement regardant sur ses dépenses militaires.

Les turbulences diplomatiques ravivent la controverse

Le climat géopolitique tendu et les tergiversations américaines concernant leur soutien à l’Ukraine ont réactivé le débat sur la pertinence de ces acquisitions. Des personnalités influentes comme Wolfgang Ischinger ont publiquement remis en question la sagesse de cette collaboration militaire avec Washington, suggérant même une annulation potentielle du contrat.

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Le PDG actuel d’Airbus Defence & Space n’a pas manqué l’occasion de pointer les limites opérationnelles des appareils américains, évoquant notamment l’insuffisance de leur rayon d’action pour les missions arctiques. Dans la même veine, les représentants syndicaux du groupe européen ont exprimé leurs craintes d’une vassalisation diplomatique qui pourrait forcer les dirigeants allemands à s’humilier devant l’administration américaine en période de crise.

Des rumeurs médiatiques concernant une potentielle réévaluation du dossier par le ministère de la Défense ont brièvement circulé avant d’être formellement réfutées.

La détermination intacte des autorités allemandes

En dépit des pressions croissantes, les responsables de la défense allemande maintiennent fermement leur cap. Le porte-parole ministériel a catégoriquement démenti tout projet de réunion d’urgence et balayé les théories complotistes concernant un prétendu contrôle à distance des appareils par les autorités américaines.

Dans ses déclarations publiques, le ministre Boris Pistorius a mis en avant la dimension collaborative internationale du programme F-35, rappelant la participation substantielle de nations européennes à son développement et sa large adoption au sein de l’Alliance atlantique.

Pour les décideurs allemands, l’appareil demeure inégalé en termes de capacités opérationnelles et constitue l’unique solution certifiée permettant à l’Allemagne de conserver son rôle stratégique au sein du dispositif nucléaire otanien.

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