Depuis des décennies, les conventions internationales sur le désarmement constituent le pilier central de la sécurité collective mondiale, limitant l’utilisation d’armes particulièrement nocives pour les populations civiles. Ces accords multilatéraux, comme la Convention d’Ottawa interdisant les mines antipersonnel ou la Convention sur les armes à sous-munitions, visent à réduire les souffrances durables infligées aux non-combattants, souvent victimes d’explosifs qui demeurent actifs longtemps après la fin des hostilités. Le conflit actuel en Ukraine a cependant bouleversé l’équilibre sécuritaire européen, poussant certains États frontaliers de la Russie à reconsidérer leur position face aux restrictions d’armement qu’ils s’étaient volontairement imposées, alors que Moscou poursuit son offensive militaire avec un arsenal diversifié.
Un précédent diplomatique majeur
Le gouvernement lituanien vient de franchir un cap inédit en dénonçant, ce jeudi 6 mars, son adhésion à la Convention sur les armes à sous-munitions établie en 2008. Cette initiative constitue un événement sans équivalent historique : jamais auparavant un État signataire n’avait quitté ce traité international. Plus remarquable encore, aucun membre de l’Union européenne n’avait jusqu’alors rompu son engagement envers un accord multilatéral régulant les armements.
Ces engins prohibés par la convention présentent une menace particulière pour les populations par leur mode de fonctionnement : ils libèrent de multiples projectiles explosifs sur de vastes étendues. Le danger persiste bien après les conflits, car nombreuses sont les munitions qui n’explosent pas lors de l’impact initial, transformant les zones touchées en champs mortels pour des années.
La stratégie défensive repensée face aux menaces frontalières
Les responsables militaires et politiques de Vilnius légitiment ce changement radical par l’impératif de protection nationale face à leur puissant voisin oriental. Selon les propos recueillis par l’AFP, Karolis Aleksa, vice-ministre lituanien de la défense, estime que « la Russie utilise tous les moyens disponibles dans une guerre conventionnelle, et cela montre que nous devons agir pour assurer une dissuasion et une défense efficaces. »
L’officiel balte a également mis en avant les avantages tactiques escomptés : « Se retirer de la convention nous donne la possibilité d’augmenter l’efficacité de notre défense contre des cibles de grande superficie. » Cette réorientation stratégique témoigne des craintes grandissantes des pays baltes quant à leur sécurité territoriale, dans un environnement géopolitique profondément altéré par les opérations militaires russes en Ukraine.
Laisser un commentaire