La Turquie, devenue ces dernières années un acteur majeur dans le secteur des drones militaires, renforce sa position stratégique en Europe. Ses appareils, notamment le Bayraktar TB-2, ont acquis une solide réputation sur les champs de bataille en Ukraine et dans plusieurs pays africains. Cette reconnaissance opérationnelle a propulsé l’industrie turque de défense au rang des fournisseurs les plus sollicités, transformant ce pays en puissance incontournable dans ce segment technologique crucial. Face à cette montée en puissance, l’Europe ne reste pas indifférente et cherche à établir des partenariats avec ce nouvel acteur dominant.
Un accord décisif vient d’être signé entre le fabricant turc Baykar et le groupe italien Leonardo. Cette collaboration, officialisée le 6 mars, aboutira à la création d’une entreprise commune dédiée aux systèmes sans pilote, depuis leur conception jusqu’à leur maintenance opérationnelle. L’entité, qui établira son siège en Italie, couvrira plusieurs catégories de drones : surveillance, attaque et modèles « loyal wingman ».
Cette association combine les plateformes éprouvées de Baykar avec le savoir-faire de Leonardo en matière de charges utiles, systèmes de mission et certifications européennes. Les deux partenaires estiment que le marché européen des drones militaires pourrait atteindre 100 milliards d’euros durant la prochaine décennie, justifiant pleinement cet investissement commun.
Cette initiative survient après que Baykar ait obtenu l’autorisation de reprendre Piaggio Aerospace, manufacturier italien en difficulté. Cette acquisition antérieure offre déjà au groupe turc un point d’entrée sur le marché européen, avec la promesse de maintenir les activités industrielles en Italie tout en se positionnant pour d’éventuels financements de l’Union européenne.
Les ambitions vont au-delà du développement immédiat du drone Akinci équipé de technologies italiennes. Leonardo participant déjà aux programmes EuroMALE et au « Global Combat Air Programme » avec le Royaume-Uni et le Japon, cette nouvelle alliance pourrait éventuellement conduire à une participation turque à ces initiatives majeures, notamment grâce aux liens militaires étroits entre la Turquie et le Royaume-Uni. La géographie industrielle de la défense européenne pourrait ainsi être profondément remaniée.
Laisser un commentaire