Les tensions entre la Russie et l’Union européenne ne faiblissent pas. Dernier épisode en date : la décision des Vingt-Sept d’alourdir considérablement les droits de douane sur les engrais en provenance de Russie et aussi de la Biélorussie. Une mesure qui s’inscrit dans la volonté affichée de Bruxelles de réduire sa dépendance vis-à-vis de Moscou, tout en reconfigurant sa politique agricole à long terme.
Avec près de 25 % des importations européennes d’engrais provenant de Russie, la question de l’autonomie agricole de l’UE s’impose comme un enjeu stratégique. La guerre en Ukraine et les sanctions successives ont mis en lumière la vulnérabilité du secteur agricole européen, qui dépend encore largement des produits russes pour maintenir ses rendements.
Désormais, l’UE entend se défaire de cette tutelle en favorisant des alternatives locales et en diversifiant ses fournisseurs. Le nouveau dispositif validé par les États membres prévoit une montée en puissance progressive des droits de douane, passant de 40 à 45 euros par tonne de fertilisant à un niveau compris entre 315 et 430 euros d’ici trois ans.
Une hausse drastique qui vise à rendre les engrais russes beaucoup moins compétitifs et à pousser les agriculteurs européens à explorer d’autres sources d’approvisionnement. Si Bruxelles présente cette réforme comme un pas vers l’indépendance économique, son application pourrait entraîner des répercussions sur les coûts de production agricole en Europe. Une flambée des prix des engrais pourrait affecter la rentabilité des exploitations, avec un impact possible sur les consommateurs à travers une augmentation des prix des denrées alimentaires.
Face à cette offensive économique, la Russie pourrait chercher à rediriger ses exportations vers d’autres marchés, notamment en Asie et en Afrique. Par ailleurs, Moscou pourrait utiliser ses exportations d’autres matières premières comme levier pour contrebalancer cette mesure européenne, exacerbant ainsi les tensions commerciales entre les deux blocs.
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