Après son arrivée au pouvoir en janvier 2025, Donald Trump a radicalement modifié l’approche américaine concernant le conflit ukrainien. Contrairement à l’administration Biden qui soutenait fermement l’Ukraine dans sa résistance contre l’invasion russe, Trump privilégie désormais la recherche d’un règlement négocié, quitte à faire pression sur Kiev pour accepter certains compromis. Cette réorientation stratégique a généré des frictions croissantes avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ce dernier craignant de voir son pays contraint à des concessions territoriales majeures.
Les centrales nucléaires au cœur de la discorde
La dernière proposition controversée de Trump concerne les installations énergétiques ukrainiennes. Le président américain a suggéré récemment que les États-Unis pourraient acquérir et gérer les centrales électriques ukrainiennes, y compris les infrastructures nucléaires. Selon la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, « la possession par les Américains de ces centrales constituerait la meilleure protection et le meilleur soutien possible pour les infrastructures énergétiques ukrainiennes ». Cette suggestion repose sur l’argument qu’un investissement économique américain substantiel dissuaderait Moscou de cibler ces installations stratégiques.
La réaction de Zelensky a été immédiate et catégorique. Le 20 mars, lors d’une conférence de presse à Oslo face à ses alliés européens, le président ukrainien a fermement rejeté cette idée : « Nous n’en discuterons pas. Nous avons 15 réacteurs nucléaires en service aujourd’hui. Tout cela appartient à notre État. » Ce refus net illustre la volonté de Kiev de maintenir sa souveraineté face aux initiatives américaines perçues comme empiétant sur ses prérogatives nationales.
Une rupture diplomatique amorcée dès février
Cette tension autour des centrales nucléaires s’inscrit dans une dégradation des relations qui a débuté peu après l’investiture de Trump. Déjà en février dernier, le secrétaire à la Défense Pete Hegseth avait qualifié d’ »irréaliste » l’objectif de restaurer les frontières ukrainiennes d’avant 2014. Cette déclaration avait coïncidé avec un appel téléphonique entre Trump et Vladimir Poutine, qui avait débouché sur l’annonce de négociations bilatérales immédiates, une initiative prise sans consultation préalable de Kiev.
La rencontre du 28 février à la Maison-Blanche entre les présidents américain et ukrainien n’avait fait qu’aggraver ces tensions. Trump avait sévèrement critiqué son homologue pour son « manque d’engagement » envers la paix, tandis que Zelensky exprimait ses réserves face aux propositions américaines. Cet échange tendu s’était conclu par une décision drastique : la suspension de l’aide militaire américaine à l’Ukraine.
Malgré ces désaccords, Trump avait poursuivi ses démarches diplomatiques auprès de Poutine, obtenant le 18 mars un cessez-le-feu limité aux infrastructures énergétiques ukrainiennes. Toutefois, le dirigeant russe avait refusé d’étendre cette trêve à l’ensemble des opérations militaires pour une période de 30 jours comme le souhaitait Washington.
La gestion du conflit ukrainien est ainsi devenue un point de friction majeur entre Washington et Kiev, Donald Trump semblant déterminé à imposer sa vision d’un règlement rapide du conflit, quitte à froisser son allié ukrainien et à s’écarter des positions traditionnelles américaines en matière de soutien à l’Ukraine.
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