Violences au Maghreb : des chiffres alarmants sur les adolescentes

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Les violences à l’encontre des adolescentes constituent une réalité préoccupante qui touche de nombreuses sociétés, y compris le Maroc. Ces agressions, qu’elles soient physiques, psychologiques, sexuelles ou économiques, s’inscrivent dans un schéma de domination et d’inégalités de genre profondément ancré. La récente enquête du Haut-commissariat au plan (HCP) met en lumière une situation alarmante : 70 % des jeunes filles marocaines âgées de 15 à 19 ans ont été victimes d’une forme de violence au cours des douze derniers mois. Ce constat soulève des interrogations sur les causes profondes du phénomène et les réponses à y apporter.

Les violences domestiques demeurent particulièrement répandues. Près de 60 % des adolescentes subissent des abus au sein même de leur foyer, qu’il s’agisse de violences conjugales, familiales ou économiques. Dans un cadre censé être protecteur, elles se retrouvent exposées à des pressions et des agressions qui, bien souvent, ne sont pas dénoncées. Ce silence est d’autant plus préoccupant qu’il contribue à perpétuer un cercle vicieux, empêchant les victimes de trouver un soutien ou une issue.

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Le milieu éducatif n’est pas épargné par ce fléau. Un quart des adolescentes interrogées ont rapporté avoir subi des violences à l’école, un phénomène qui touche davantage les zones rurales (34,9 %) que les zones urbaines (22,8 %). Les agresseurs, dans ce contexte, sont principalement des camarades de classe (62 %) et des enseignants (31 %), ce qui souligne la nécessité d’une vigilance accrue et de mesures préventives au sein des établissements scolaires. L’impact sur la scolarité est non négligeable : de nombreuses jeunes filles finissent par abandonner leurs études, réduisant ainsi leurs perspectives d’avenir.

La violence numérique est également en forte progression. Près de 282 000 jeunes filles, soit 29,4 % des adolescentes marocaines, ont été victimes de harcèlement en ligne via les réseaux sociaux, les messageries ou les jeux en ligne. Cette forme de violence, plus insidieuse, échappe souvent aux adultes et aux autorités, laissant les victimes isolées face à leurs agresseurs. Les filles issues de foyers dirigés par des femmes ou celles engagées dans la vie active semblent particulièrement vulnérables à ces agressions numériques.

L’enquête du HCP met également en lumière un autre facteur aggravant : la persistance du mariage précoce. Plus de 63 % des filles mariées ou divorcées ont été unies avant l’âge de 18 ans, un chiffre qui grimpe à 67,2 % en milieu rural. Cette pratique, souvent dictée par des considérations économiques et sociales, prive les jeunes filles de leur liberté et de leur éducation, les enfermant dans un cadre de soumission et de vulnérabilité. Elle s’accompagne fréquemment de violences conjugales, une réalité que certaines adolescentes finissent par accepter comme une fatalité. En effet, 40 % des jeunes femmes considèrent la violence au sein du couple comme une affaire privée, et 18,4 % estiment qu’il est préférable de l’endurer en silence pour préserver l’harmonie familiale.

Toutefois, le rapport du HCP souligne également un facteur de protection : l’autonomie financière. Les jeunes filles disposant de revenus ou exerçant une activité salariée sont globalement moins exposées aux violences. Cette donnée met en exergue l’importance de l’éducation et de l’insertion professionnelle comme leviers pour réduire la vulnérabilité des adolescentes face aux agressions.

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Face à l’ampleur du phénomène, une réponse globale s’impose. Une meilleure sensibilisation des jeunes, une éducation axée sur l’égalité des sexes et le renforcement des dispositifs de protection peuvent contribuer à freiner cette spirale de violences. Il est impératif de briser le silence et d’encourager les victimes à se manifester afin de mettre un terme à cette réalité qui entrave le développement et l’avenir de nombreuses adolescentes marocaines.

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