Bien avant son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump s’était montré sceptique à l’égard des cryptomonnaies. Lors de son premier mandat, il qualifiait le bitcoin de « monnaie fondée sur du vent » et dénonçait publiquement le caractère spéculatif du secteur. Mais à l’approche de sa seconde campagne présidentielle, son discours avait déjà commencé à évoluer. À mesure que les électeurs jeunes et technophiles manifestaient un intérêt croissant pour les actifs numériques, Trump a progressivement ajusté son positionnement. Au lieu de rejeter en bloc cet univers, il a fini par y voir une opportunité stratégique pour renforcer la souveraineté financière des États-Unis et répondre aux aspirations d’innovation des entrepreneurs américains.
La fin d’un modèle de surveillance fiscale généralisée
La décision prise récemment par l’administration Trump de revenir sur une réglementation fiscale adoptée en 2023 marque un tournant dans la politique américaine en matière de finance numérique. Cette législation, introduite par l’administration Biden, obligeait les plateformes de finance décentralisée (DeFi) à collecter et transmettre à l’IRS des informations détaillées sur les utilisateurs et leurs transactions. L’objectif affiché était de renforcer la transparence et de lutter contre l’évasion fiscale. Concrètement, cela plaçait les plateformes DeFi sur le même plan réglementaire que les banques traditionnelles, créant un fardeau administratif jugé incompatible avec le fonctionnement décentralisé de ces services.
La loi signée récemment par Donald Trump abolit cette exigence. Les plateformes DeFi, en particulier celles opérant sans intermédiaire de conservation de fonds, ne seront plus tenues de communiquer les données de leurs utilisateurs. Cette mesure a été saluée par plusieurs figures du Parti républicain, qui estiment qu’elle corrige une dérive intrusive dans la vie privée des citoyens. Mike Carey, élu républicain, a notamment souligné que la précédente réglementation risquait de surcharger l’infrastructure de l’IRS sans résultat tangible, tout en bridant l’innovation technologique.
Vers un nouvel écosystème numérique plus autonome
Le choix de ne plus imposer cette collecte de données à des entités décentralisées remet en question la manière dont l’État fédéral entend interagir avec des technologies en constante mutation. Pour les utilisateurs de cryptomonnaies, cette évolution signifie que la responsabilité individuelle redevient centrale : chacun reste tenu de déclarer ses gains, mais sans que les plateformes ne servent d’intermédiaire fiscal automatique. Cela rapproche le traitement des cryptomonnaies d’un modèle fondé sur la responsabilité personnelle, plutôt que sur la surveillance institutionnelle.
Cette réforme pourrait avoir des conséquences importantes. D’un côté, elle favorise un environnement réglementaire plus léger, susceptible d’attirer de nouveaux projets dans l’espace numérique américain. De l’autre, elle interroge sur la capacité du fisc à poursuivre efficacement les cas d’évasion dans un système moins centralisé. L’équilibre entre innovation et conformité reste donc fragile.
Une approche politique en rupture avec le mandat précédent
En rompant avec la ligne adoptée par son prédécesseur, Donald Trump poursuit une logique de différenciation. Là où l’administration Biden cherchait à encadrer le développement des cryptomonnaies par une extension des normes existantes, Trump préfère alléger le cadre pour encourager un développement autonome des technologies financières. Il s’agit moins de soutenir une technologie spécifique que de promouvoir un écosystème perçu comme moteur de compétitivité nationale.
Ce changement de cap reflète aussi un calcul politique : séduire les entrepreneurs du Web3, capter l’attention des investisseurs en crypto-actifs et s’aligner avec une partie de l’électorat qui défend la décentralisation comme pilier de liberté économique. En supprimant ces obligations fiscales, Trump renforce ce message : la régulation, oui, mais sans brider l’expérimentation.
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