Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier 2025, Donald Trump a relancé une politique commerciale offensive, imposant des droits de douane sur les importations en provenance de plusieurs pays, dont le Canada, le Mexique et la Chine. Ces mesures, présentées comme une réponse aux menaces pesant sur la sécurité nationale, ont suscité des réactions vives, notamment au Canada, où elles ont entraîné une montée du patriotisme économique et des appels au boycott des produits américains. Des enseignes canadiennes ont même commencé à étiqueter les produits américains avec un « T », destiné à signaler aux consommateurs les hausses de prix résultant de la politique tarifaire américaine.
Outre l’impact à l’international, ces mesures provoquent aussi des remous sur le plan intérieur. Plus de la moitié des citoyens américains interrogés (51 %) se disent défavorables à ces tarifs, estimant qu’ils nuisent à l’économie nationale. Environ 64 % craignent qu’ils contribuent à une hausse de l’inflation, tandis qu’un répondant sur deux estime qu’ils devraient rester temporaires. Le rejet de la guerre commerciale avec le Canada est également significatif : près de 59 % des personnes sondées s’y opposent.
Une approbation en déclin
Un récent sondage mené par la firme AtlasIntel met en lumière une désapprobation généralisée envers la gestion de Donald Trump dans plusieurs domaines clés : l’économie, l’éducation, la lutte contre la corruption et la protection de la démocratie. Dans chacun de ces domaines, le taux de désapprobation s’élève à 55 %. Plus préoccupant encore pour l’administration actuelle, cette tendance négative s’accentue chez les jeunes, avec un pic de 67,7 % de mécontents dans cette tranche d’âge.
Globalement, une majorité relative d’Américains – hommes et femmes confondus – expriment leur insatisfaction à l’égard du président, une situation qui contraste avec la dynamique électorale favorable dont il a bénéficié lors du dernier scrutin. Trump avait alors récupéré des États clés qui avaient échappé aux républicains en 2020, comme la Pennsylvanie, la Géorgie et le Wisconsin. Pourtant, à peine quelques mois après sa prise de fonction, la baisse de sa cote d’approbation suggère un début de mandat plus compliqué qu’attendu. En effet, 52 % des citoyens ne soutiennent pas ses propos et ses actions, un recul de six points par rapport au mois de février.
Une politique économique contestée
L’administration Trump avait misé sur une stratégie économique agressive, espérant susciter un regain de compétitivité au niveau national. Mais les signaux économiques envoyés par les électeurs semblent pointer dans une direction opposée. Le scepticisme vis-à-vis des tarifs douaniers se double de craintes sur leurs conséquences à court et moyen terme : hausse des prix, tensions commerciales durables et isolement progressif de l’économie américaine.
Ces préoccupations trouvent un écho dans les chiffres récents : 45 % d’opinions favorables, un niveau historiquement bas pour un président en début de mandat, en dehors du précédent mandat de Trump lui-même. La défiance gagne même des segments traditionnellement acquis aux républicains, comme certains États ruraux ou les petites entreprises exportatrices, confrontées à la riposte de partenaires économiques touchés par les hausses tarifaires.
Un avenir incertain pour la politique tarifaire
Face à la contestation croissante, tant sur le plan national qu’international, l’administration Trump pourrait être amenée à ajuster sa stratégie tarifaire. Des signes de flexibilité ont déjà émergé, notamment avec la suspension de 90 jours des tarifs les plus élevés, à l’exception de ceux imposés à la Chine, ainsi que l’exemption temporaire de certains produits électroniques. Ces décisions semblent motivées par les réactions négatives des marchés financiers et les pressions exercées par des partenaires commerciaux clés.
Cependant, la position du président reste difficile à prévoir. Bien qu’il ait exprimé sa volonté de maintenir une politique commerciale ferme, les critiques émanant de divers secteurs économiques et les fluctuations des marchés pourraient l’inciter à reconsidérer certaines mesures. Des discussions bilatérales avec des pays affectés par les tarifs sont en cours, laissant entrevoir la possibilité d’accords plus ciblés et de compromis stratégiques.
En définitive, l’avenir de la politique tarifaire américaine dépendra de l’équilibre entre les objectifs affichés de l’administration en matière de commerce international et les réactions économiques et politiques internes. L’évolution du climat d’opinion au sein de l’électorat jouera un rôle crucial dans cette équation, avec un président potentiellement contraint de revoir certaines positions pour préserver son socle de soutien à l’approche des élections de mi-mandat.
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