L’Algérie se distingue par des ressources considérables en hydrocarbures sur le continent africain, détenant approximativement 4500 milliards de mètres cubes de gaz naturel et plus de 12 milliards de barils de pétrole en réserve. Cette dotation exceptionnelle, exploitée depuis six décennies, a établi le pays comme partenaire crucial pour l’approvisionnement énergétique européen, principalement via les canalisations TransMed (direction Italie) et Medgaz (direction Espagne). Le géant national Sonatrach constitue la colonne vertébrale économique algérienne, représentant plus de 95% des devises d’exportation. Confrontée aux enjeux énergétiques mondiaux et à l’impératif de diversification économique, l’Algérie déploie aujourd’hui une stratégie énergétique double, conjuguant valorisation des ressources fossiles et développement des énergies alternatives.
Expansion gazière ambitieuse
À Ravenne, durant l’OMC Med Energy 2025, Mohamed Arkab, ministre d’État responsable de l’Énergie algérien, a présenté un programme d’expansion visant à atteindre une production gazière supérieure à 200 milliards de mètres cubes par an. Cette dynamique s’appuie sur la campagne « Algeria Bid Round 2024« , coordonnée par l’Agence nationale pour la valorisation des hydrocarbures.
Les territoires prioritaires – Reggane, Gourara, Ahnet, Illizi, Berkine et Oued Mya – contiennent d’abondantes ressources traditionnelles et non traditionnelles. Ces explorations pourraient enrichir la production annuelle de 20 milliards de mètres cubes, exploitant un gisement estimé à 400 milliards. Pour attirer les capitaux internationaux, le gouvernement algérien a assoupli sa réglementation des hydrocarbures, offrant trois modèles collaboratifs: participation aux bénéfices, association ou partage des risques, simplifiant les arrangements entre Sonatrach et les entreprises étrangères.
Diversification énergétique progressive
Tout en développant ses capacités gazières, l’Algérie affirme sa volonté de transformation énergétique. Arkab a souligné l’ambition d’atteindre 30% d’énergies renouvelables dans la consommation nationale avant 2035. Un vaste chantier photovoltaïque de 15 000 MW est programmé, avec 3 200 MW déjà initiés cette année.
L’Algérie investit parallèlement dans l’hydrogène vert avec le projet SoutH2 Corridor destiné aux marchés allemand et italien. Le programme Medlink complète cette architecture avec la création d’une liaison électrique sous-marine reliant les côtes algériennes à l’Italie, dossier actuellement examiné par les instances européennes comme projet prioritaire commun.
Le pays consolide sa position de plaque tournante énergétique en établissant des connexions électriques avec ses voisins africains – Mauritanie, Égypte, Libye et nations sahéliennes. Cette feuille de route, exposée par le ministre accompagné des directeurs de Sonatrach et Sonelgaz ainsi que du représentant diplomatique en Italie, poursuit trois finalités essentielles: renforcement productif, fiabilisation des approvisionnements et réduction des émissions carbonées.
Perspectives d’avenir prometteuses mais conditionnées
L’avenir énergétique algérien semble porteur de promesses substantielles mais demeure soumis à plusieurs facteurs déterminants. La réussite de cette transformation dépendra crucialement de la capacité du pays à attirer des investissements étrangers massifs, estimés à plusieurs dizaines de milliards de dollars sur la prochaine décennie. La stabilité réglementaire et fiscale constituera un élément décisif pour sécuriser ces financements.
Sur le plan technique, l’intégration industrielle locale et le transfert de technologies représenteront des défis majeurs, particulièrement dans le secteur des renouvelables où l’expertise nationale reste à consolider. Le développement des infrastructures de transport et de stockage énergétique, ainsi que la modernisation du réseau électrique, exigeront également des investissements considérables pour concrétiser l’ambition de hub énergétique régional.
La dimension géopolitique jouera par ailleurs un rôle déterminant: l’évolution des relations avec l’Union Européenne et les pays voisins influencera significativement la réalisation des projets transfrontaliers comme le SoutH2 Corridor ou les interconnexions électriques africaines. Si ces conditions se matérialisent favorablement, l’Algérie pourrait effectivement s’imposer comme acteur énergétique incontournable à l’interface de l’Europe et de l’Afrique, tout en accomplissant sa propre transition vers un modèle plus diversifié et moins carboné.
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