Les relations entre le Mali et l’Algérie ont connu une détérioration progressive ces dernières années, particulièrement depuis les changements politiques survenus à Bamako en 2020. Cette dégradation s’est intensifiée après le départ des forces françaises et les nouvelles orientations diplomatiques maliennes. L’Algérie, autrefois acteur clé dans la résolution des crises au Mali, a vu son rôle s’amenuiser, tandis que les dirigeants maliens remettaient en question la position d’Alger concernant les groupes armés opérant au nord du Mali. Ces frictions ont compromis les efforts communs de sécurisation régionale.
Un incident aérien qui enflamme les tensions
Un événement survenu début avril a considérablement aggravé la situation. Le 1er avril, les autorités algériennes ont affirmé avoir neutralisé un appareil volant armé qui aurait violé leur espace aérien. Suite à cet incident, les autorités maliennes ont diligenté des investigations dont les résultats contredisent la version algérienne. D’après Bamako, l’appareil aurait été touché en territoire malien, à une distance de 441 mètres du point où le contact a été perdu.
Le ministère malien des Affaires étrangères a formellement établi que l’appareil avait été la cible d’une opération délibérée des forces algériennes. Les analyses techniques réalisées par les spécialistes maliens indiquent que l’appareil a effectué une chute verticale, phénomène qui, selon leur expertise, résulterait uniquement d’une intervention militaire impliquant des systèmes de défense anti-aérienne.
En réponse à ce que Bamako considère comme une violation grave de sa souveraineté, plusieurs dispositions ont été prises : l’ambassadeur algérien a été appelé pour recevoir une notification formelle de désapprobation, le Mali s’est retiré immédiatement du comité militaire régional de coordination antiterroriste, et une démarche juridique internationale a été initiée pour dénoncer cette action.
Une réaction coordonnée des partenaires sahéliens
La controverse dépasse désormais le cadre bilatéral avec l’intervention des partenaires du Mali au sein de l’Alliance des États du Sahel. Le 6 avril, une déclaration commune du Mali, du Niger et du Burkina Faso a officialisé le rappel simultané de leurs représentants diplomatiques en poste à Alger.
Cette position commune des trois États sahéliens dirigés par des gouvernements militaires marque une nouvelle phase dans les tensions avec l’Algérie. Pour la première fois, une question frontalière impliquant initialement le Mali devient une préoccupation régionale mobilisant l’ensemble de l’alliance.
Cet épisode intervient alors que les États de l’AES cherchent à renforcer leur autonomie stratégique dans la région. À ce jour, Alger n’a pas communiqué officiellement sur les accusations portées par les pays sahéliens, laissant ouvertes les questions sur l’évolution de cette crise diplomatique exceptionnelle dans la région.
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