Mystérieuses et souvent imprégnées d’histoires tragiques, les maisons dites « hantées » fascinent autant qu’elles effraient. Qu’il s’agisse d’anciennes demeures coloniales, de manoirs isolés ou de bâtiments publics désertés, ces lieux attirent depuis des siècles les récits d’apparitions, de bruits étranges ou de phénomènes inexpliqués. Des témoignages font état de silhouettes furtives, de voix désincarnées ou de changements brusques de température. Ces légendes, nourries par l’imaginaire collectif, prennent racine dans des événements réels ou supposés : meurtres, abandons, maladies. Et lorsqu’il ne s’agit pas d’une maison mais d’un ancien hôpital, l’atmosphère devient encore plus pesante. C’est le cas d’un sanatorium abandonné au Maroc, aujourd’hui au cœur de rumeurs persistantes.
Perché dans les montagnes marocaines, le sanatorium antituberculeux de Ben Smim, autrefois fleuron médical du pays, suscite désormais la crainte. Inauguré en 1955 après plus d’une décennie de travaux, l’établissement accueillait des patients atteints de tuberculose, une maladie à l’époque traitée par l’exposition prolongée au soleil. Sur les terrasses ouvertes de l’hôpital, les malades – dont certains venaient de France – profitaient de la lumière naturelle, sous l’œil attentif de quatre médecins et de plus d’une trentaine d’infirmières. À son apogée, le site comptait 400 lits, répartis sur une vaste superficie de plus de 160 000 m².
Mais en 1975, l’hôpital ferme brusquement ses portes. Plusieurs versions circulent au sujet de cette fermeture. Certains avancent que le lieu servait de repaire à des comploteurs opposés au roi Hassan II. D’autres pointent du doigt une mauvaise gestion du ministère de la Santé, qui en avait pris le contrôle dix ans plus tôt. Quelles qu’en soient les raisons, le bâtiment a depuis sombré dans l’oubli et le délabrement.
Les lieux, aujourd’hui dévastés, sont régulièrement visités par des curieux ou des explorateurs urbains. Les images qu’ils rapportent montrent un décor figé dans le temps : longues allées vides, escaliers en colimaçon, mobilier hospitalier abandonné, fenêtres brisées. Ce cadre délabré a peu à peu nourri la rumeur d’une présence surnaturelle. Des morts inexpliquées et des accidents mystérieux ont renforcé les soupçons : le sanatorium serait hanté. Malgré une proposition de réhabilitation évoquée il y a quelques années, aucun projet concret n’a vu le jour.
De refuge médical à symbole de l’abandon, le sanatorium de Ben Smim cristallise aujourd’hui les peurs. Lieu de soins hier, terrain de légendes aujourd’hui, il incarne une mémoire entre oubli, histoire et croyances.
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