Les chantiers navals jouent un rôle clé dans l’économie maritime mondiale, en assurant la construction, la réparation et l’entretien des navires qui transportent marchandises et passagers à travers les océans. Ces complexes industriels, souvent implantés sur de vastes surfaces littorales, mobilisent des compétences pointues en ingénierie, en logistique et en métallurgie. Au-delà de leur importance économique, ils incarnent également des enjeux stratégiques pour les États qui souhaitent renforcer leur souveraineté maritime et développer une industrie locale durable. De la construction de porte-conteneurs aux navires militaires, en passant par les ferries et les bateaux de pêche, ces infrastructures représentent des moteurs essentiels de l’économie bleue.
À Casablanca, un projet d’envergure prend forme avec la création du plus grand chantier naval du continent africain. Étalé sur 21 hectares, le futur complexe ambitionne de se positionner comme un acteur majeur de l’industrie maritime en Méditerranée. Doté d’une cale sèche de 244 mètres de long pour 40 mètres de large et d’un ascenseur vertical capable de soulever des navires jusqu’à 9 000 tonnes, le chantier devrait permettre au Maroc de produire 100 navires d’ici 2040. L’investissement initial, estimé à 300 millions de dollars, traduit la volonté du royaume de s’imposer sur un marché jusqu’ici dominé par ses voisins européens, notamment l’Espagne et son fleuron Navantia.
Pour assurer la réussite de cette infrastructure stratégique, l’Agence nationale des ports (ANP) a récemment lancé un appel d’offres en vue d’accorder la gestion du site pour une période de 30 ans. Ce partenariat vise à attirer un opérateur international expérimenté, chargé de développer et d’exploiter le complexe en optimisant ses performances industrielles. Cette stratégie rappelle celle qui a été appliquée dans le secteur automobile, où le Maroc s’est rapidement imposé comme un hub de production grâce à des alliances solides avec Renault et Stellantis.
La dynamique maritime du royaume ne s’arrête pas là. Avec plus de 3 500 km de côtes, 43 ports dont 14 commerciaux, et une zone maritime de plus de 1,2 million de kilomètres carrés, le pays dispose d’atouts considérables. Le succès croissant du port de Tanger-Med, qui a enregistré une hausse de 18,8 % du trafic conteneurs en 2024 avec plus de 10 millions d’EVP traités, témoigne d’une politique maritime ambitieuse et bien structurée.
En consolidant ses infrastructures navales et en élargissant ses capacités de production maritime, le Maroc entend non seulement rivaliser avec les chantiers espagnols mais aussi élargir son influence sur le marché naval européen. Ce projet s’inscrit ainsi dans une vision à long terme où le royaume mise sur la diversification industrielle et la montée en gamme de ses secteurs stratégiques.
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