Maghreb : un nouveau plan de développement présenté dans ce pays

Tunis (Photo DR)

Depuis la chute de Zine el-Abidine Ben Ali en 2011, la Tunisie a navigué entre aspirations démocratiques et crises structurelles. Si le pays a été salué pour sa transition politique relativement pacifique après les soulèvements du Printemps arabe, les années qui ont suivi ont révélé la fragilité de ses institutions. Blocages politiques chroniques, déceptions économiques, hausse du chômage et tensions sociales ont mis à l’épreuve la résilience de la population. Les gouvernements successifs ont tenté, sans succès durable, de relancer l’économie et de renforcer la cohésion territoriale. Ce contexte d’instabilité a mis en lumière les limites d’une centralisation excessive et d’un développement inégal entre les régions. Face à ce constat, les autorités tunisiennes misent désormais sur une nouvelle stratégie : reconstruire à partir des territoires, avec une approche plus participative.

Une planification qui commence par les citoyens

Le plan de développement 2026-2030 propose un changement d’approche dans la manière de concevoir l’action publique. Il ne s’agit plus simplement de déterminer des objectifs à l’échelle nationale, mais de construire des réponses depuis la base. Concrètement, les priorités émergeront d’abord au niveau local, avant d’être structurées au niveau régional puis consolidées à l’échelle nationale. Cette méthode inversée donne un rôle accru aux conseils locaux et régionaux ainsi qu’au Conseil national des régions et des districts.

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L’objectif affiché est de mieux adapter les politiques publiques aux réalités du terrain. Plutôt que d’imposer des programmes standardisés, les responsables veulent privilégier des projets adaptés aux spécificités économiques, sociales et géographiques de chaque territoire. Cela passe notamment par la refonte du découpage territorial, la création de plans régionaux autonomes et un encadrement renforcé de la planification à toutes les étapes. L’idée étant de répondre à une exigence souvent formulée par la société civile tunisienne depuis 2011 : que le citoyen devienne un acteur du développement, pas seulement un bénéficiaire.

Cohérence, rentabilité et contrôle

Pour donner une assise solide à cette nouvelle logique, le gouvernement entend mettre en place un système intégré de suivi et d’évaluation. Celui-ci doit permettre d’assurer à la fois la transparence de l’exécution et l’efficacité des investissements publics. L’approche adoptée vise également à éviter les incohérences entre les secteurs, en harmonisant les priorités entre les ministères et les différentes échelles territoriales.

Le plan insiste aussi sur l’exigence de réalisme : les projets sélectionnés devront être faisables, financés, et porteurs d’impacts mesurables à moyen terme. La rentabilité et la durabilité deviennent ainsi des critères essentiels dans le choix des investissements. Cette orientation répond à des critiques fréquentes formulées par les observateurs : les précédents plans se sont souvent heurtés à des obstacles liés à la faisabilité ou à des déséquilibres dans la répartition des ressources.

En initiant cette nouvelle démarche, les autorités cherchent à établir un lien plus direct entre la démocratie politique et la justice économique. Le pari est ambitieux : il s’agit de corriger les fractures régionales, de renforcer la confiance dans les institutions, et d’ancrer le développement dans une logique de proximité. Si la réussite de cette stratégie dépendra largement de sa mise en œuvre concrète, elle marque déjà une tentative de redéfinir les fondations du contrat social tunisien.

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