Les relations franco-algériennes ont traversé une période de turbulences marquée par plusieurs contentieux. L’automne dernier, la crise diplomatique s’est intensifiée autour de deux dossiers épineux: d’une part, la question des ressortissants algériens sous obligation de quitter le territoire français (OQTF), un sujet particulièrement sensible pour les autorités des deux pays; d’autre part, l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, poursuivi pour des propos tenus sur un média français considéré d’extrême droite, jugés attentatoires à l’intégrité territoriale algérienne. Ces événements ont considérablement refroidi des relations déjà fragiles, menaçant les accords établis lors de la visite du président Macron à Alger en août 2022.
Une conversation décisive pour relancer la coopération bilatérale
L’appel téléphonique entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune le 31 mars, jour de l’Aïd-el-Fitr marquant la fin du ramadan, marque un tournant significatif. Les deux chefs d’État ont conjointement décidé de rétablir « sans délai » leur coopération sécuritaire, un axe fondamental dans la lutte contre le terrorisme et les réseaux de migration clandestine. Cette reprise du dialogue témoigne d’une volonté mutuelle de dépasser les tensions récentes.
Les dirigeants ont souligné que la profondeur des liens humains unissant les deux nations, leurs intérêts stratégiques réciproques et les défis partagés en Méditerranée nécessitaient un retour à un « dialogue d’égal à égal« . Ils ont réaffirmé leur engagement pour une relation « ambitieuse, sereine et respectueuse des intérêts de chacun », rappelant l’esprit constructif de la déclaration d’Alger signée en 2022.
La question mémorielle et le cas Sansal au cœur des discussions
Les avancées sur la question mémorielle, sujet historiquement sensible entre Paris et Alger, figurent également dans les priorités évoquées lors de cet entretien. Le communiqué commun fait état de la volonté de renouer avec les « gestes forts » qui avaient accompagné la visite présidentielle de 2022.
Concernant le cas de Boualem Sansal, récemment condamné à cinq ans d’emprisonnement ferme par la justice algérienne, le président français a « réitéré sa confiance dans la clairvoyance » de son homologue algérien, appelant à « un geste de clémence et d’humanité » envers l’écrivain. Cette demande diplomatique, formulée dans le respect de la souveraineté judiciaire algérienne, illustre la recherche d’un équilibre délicat entre les préoccupations françaises relatives aux droits humains et la volonté de préserver l’amélioration naissante des relations bilatérales.
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