Les relations entre l’Algérie et le Maroc restent marquées par une tension persistante, nourrie par une série de différends politiques, diplomatiques et territoriaux. Depuis la rupture officielle des liens diplomatiques en 2021, les deux pays entretiennent une hostilité ouverte sur plusieurs fronts, notamment autour de la question du Sahara occidental, du soutien à des groupes d’opposition, et des rivalités géopolitiques dans la région maghrébine. Ce climat de confrontation s’étend désormais au champ médiatique, où toute expression perçue comme favorable au voisin marocain peut être immédiatement sanctionnée.
C’est dans ce contexte délicat qu’une décision des autorités algériennes a récemment suscité un vif débat. L’émission sportive « El Haddaf », suivie par un large public, a été suspendue après la diffusion d’un épisode au cours duquel le club algérien Chabab Constantine avait salué l’accueil reçu lors de son déplacement au Maroc pour affronter Nahdat Berkane. Si le communiqué officiel évoque la présence d’un prétendu « discours de haine », plusieurs sources bien informées pointent plutôt un écart par rapport à la ligne médiatique imposée dans le pays.
La controverse s’est amplifiée sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes dénoncent une dérive autoritaire et une instrumentalisation de l’information. Pour certains observateurs, cette suspension est symptomatique d’un encadrement de plus en plus strict de la liberté d’expression, en particulier lorsque le contenu diffusé risque d’être perçu comme favorable à un pays avec lequel les tensions sont à leur comble. D’autres y lisent un message clair adressé aux médias : celui de ne pas franchir les limites fixées par le pouvoir en matière de couverture des sujets jugés sensibles.
Au-delà de l’émission elle-même, l’incident révèle les tensions latentes entre la sphère sportive, souvent porteuse de rapprochements humains, et les logiques politiques, où chaque mot peut devenir un terrain de confrontation. Ce qui aurait pu être interprété comme un simple geste de courtoisie entre clubs a été transformé en affaire d’État, illustrant la fragilité de la frontière entre expression médiatique et position diplomatique dans certains contextes.
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