Le Kirghizistan lance une initiative sans précédent pour renouveler son identité nationale en organisant un concours destiné à remplacer son hymne national. Les autorités souhaitent se débarrasser de la composition actuelle, adoptée en 1992 et basée sur l’hymne soviétique, jugée inadaptée pour représenter ce pays montagneux d’Asie centrale.
Le principal reproche : l’hymne actuel présente l’image trompeuse d’une jeune nation, sans valoriser l’histoire millénaire des Kirghiz, peuple nomade autrefois incorporé à l’empire tsariste puis à l’URSS. Le concours, lancé entre mi-février et mars, a suscité un vif intérêt avec près de 700 propositions soumises, dont celle de Balassaguyn Moussaïev, compositeur de 36 ans plein d’espoir : « Remporter ce concours serait une immense réussite ».
Une démarche politique singulière
Cette consultation populaire constitue une rareté dans la région d’Asie centrale, où le système politique kirghiz fait figure d’exception parmi ses voisins plus autoritaires. À l’échelle mondiale, modifier entièrement un hymne sans changement radical de régime politique reste tout aussi surprenant.
Cette initiative s’inscrit dans la lignée des mesures de refonte des symboles étatiques entreprises par le président Sadyr Japarov depuis son arrivée au pouvoir en 2021. Après avoir renforcé ses prérogatives par une révision constitutionnelle, il a notamment modifié fin 2023 la représentation du soleil sur le drapeau national pour qu’il ne ressemble plus à un tournesol, arguant que cela renforcerait la souveraineté nationale du pays.
Les critiques étonnantes envers l’hymne actuel
Les critiques des autorités envers l’hymne actuel prennent parfois des tournures surprenantes. Le président du Parlement, Nourlanbek Chakiev, a affirmé que l’hymne actuel a fait « fuir des oiseaux » l’ayant entendu. Le président Japarov, quant à lui, déplore que le refrain souligne que le « peuple kirghiz est sur le chemin de la liberté » sans mentionner les « 5.000 ans d’histoire » de la nation.
Si le Kirghizistan parvient à adopter un nouvel hymne, il ne restera alors plus qu’une petite poignée de pays, dont la Russie, la Biélorussie ainsi que l’Ouzbékistan et enfin, le Tadjikistan, qui auront conservé un hymne national, dont la mélodie aura été travaillée au cours de l’époque communiste.
Laisser un commentaire