Trois semaines après les tensions aériennes indo-pakistanaises qui ont coûté plusieurs appareils à l’Indian Air Force, dont potentiellement un Rafale, New Delhi accélère ses ambitions aéronautiques nationales. Dans un contexte où les informations contradictoires des deux camps rendent difficile l’établissement de faits précis, une certitude demeure : la Chine profite de cet épisode pour promouvoir activement ses équipements militaires, notamment son chasseur J-10 et ses missiles air-air PL-15.
Le ministère indien de la Défense a officiellement validé le 27 mai le modèle d’exécution du programme AMCA (Advanced Medium Combat Aircraft), marquant une étape décisive dans le développement d’un chasseur-bombardier de cinquième génération entièrement indien. Cette approbation gouvernementale intervient alors que l’acquisition de 114 appareils dans le cadre du programme MRFA reste toujours à l’agenda des autorités militaires.
Un projet stratégique pour l’autonomie indienne
Cette initiative s’inscrit pleinement dans la politique d’Aatmanirbharta, visant à renforcer l’indépendance stratégique du pays. Le projet sera piloté par l’Agence de développement aéronautique, sous l’autorité de l’Organisation de recherche et développement pour la défense. Selon les responsables du programme, le développement nécessitera une décennie complète, avec une livraison prévue pour 2035.
Cette ambition fait suite à l’échec de la coopération russo-indienne sur le programme FGFA, abandonné en 2018 après dix années de collaboration infructueuse. Les coûts croissants et l’impossibilité d’obtenir les transferts technologiques souhaités avaient contraint New Delhi à se tourner vers une solution nationale, donnant naissance au concept AMCA.
Ouverture aux partenariats industriels
Le futur chasseur se caractérisera par sa polyvalence et ses capacités furtives, intégrant des technologies de pointe comme la fusion de capteurs, des soutes d’armement internes et une avionique avancée. Le ministère a précisé que des entreprises privées et publiques indiennes pourront participer au développement, que ce soit individuellement ou via des consortiums.
Malgré l’expérience acquise avec le programme Tejas, des interrogations subsistent concernant la maîtrise complète des technologies nécessaires, particulièrement en matière de motorisation. Une collaboration avec la France pourrait se concrétiser dans ce domaine, conformément à la feuille de route franco-indienne de 2023 qui évoque un développement conjoint de systèmes de combat aérien, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives de coopération technologique entre les deux nations.



