Sénégal : Jour J du dialogue national sur le système politique


Annoncé solennellement par le président Bassirou Diomaye Faye lors des célébrations de l’indépendance, le dialogue national sur le système politique sénégalais s’ouvre ce jour avec une ambition affichée : repenser en profondeur l’architecture institutionnelle du pays. Pendant une semaine, plusieurs centaines de participants — issus du monde politique, associatif, académique et professionnel — débattront des réformes à engager pour répondre aux attentes démocratiques exprimées lors des dernières élections.

Une méthode ouverte pour un chantier complexe

Les termes de référence provisoires placent la barre haut : transformation de la Commission électorale nationale autonome (CENA) en une Commission électorale nationale indépendante (CENI) aux pouvoirs renforcés, institution d’un statut officiel pour le chef de l’opposition, refonte globale du système politique, révision du code électoral, rationalisation des partis politiques, et reconfiguration du parrainage. L’objectif affiché est clair : restaurer la confiance dans les mécanismes démocratiques en bâtissant un consensus autour des règles du jeu politique.

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Le respect strict du calendrier électoral est également posé comme un engagement non négociable, dans un pays récemment ébranlé par des reports électoraux controversés. Ces chantiers, vastes et techniques, interpellent à la fois les politiques, les juristes, les organisations citoyennes et les institutions. Le dialogue veut aller au fond des dysfonctionnements sans éluder les désaccords, en misant sur une parole collective et structurée.

Des absents remarqués, des présences stratégiques

Malgré le caractère inclusif du processus, certains acteurs majeurs manquent à l’appel. L’Alliance pour la République (APR), parti fondé par l’ex-président Macky Sall, a choisi de ne pas participer. Un silence institutionnel que vient contrebalancer la présence d’Amadou Ba, leur ancien candidat à la présidentielle, désormais en dehors de l’appareil du parti. Cette participation personnelle traduit la complexité des repositionnements en cours au sein de l’ancien régime.

Barthélémy Dias, de son côté, a clairement affiché ses priorités en organisant, le même jour, une conférence de presse pour officialiser le lancement de son propre mouvement politique. Cette sortie intervient après son divorce politique avec Khalifa Sall, et marque une volonté de tracer une voie autonome en marge du dialogue initié par le nouveau pouvoir.

À l’inverse, le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade a répondu à l’appel. Un retour notable dans le jeu institutionnel pour une formation qui, bien que vieillissante, conserve une expérience précieuse des processus de réforme.

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Une opportunité à saisir pour la légitimité démocratique

Ce dialogue est plus qu’une série de réunions : il s’agit d’un test grandeur nature pour la capacité du nouveau pouvoir à construire un cadre politique partagé. Son succès dépendra non seulement des propositions qui en émergeront, mais aussi de la manière dont elles seront traduites en actes. Toute tentative de réforme qui ignorerait la pluralité des voix présentes — ou absentes — risquerait de fragiliser davantage le socle démocratique.

L’histoire du Sénégal a prouvé que les compromis politiques sont possibles lorsqu’ils sont sincères et structurés. Ce moment peut devenir une charnière s’il permet de jeter les bases d’un système politique plus lisible, équitable et responsable. Mais encore faut-il que le dialogue ne se transforme pas en simple vitrine. Aujourd’hui, la parole est donnée. Demain, c’est à l’action qu’il faudra juger.

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