Depuis plusieurs mois, les tensions militaires entre Israël et l’Iran ont franchi un seuil critique. L’échange de frappes indirectes à travers des groupes alliés, les assassinats ciblés de responsables iraniens en Syrie ou au Liban et les attaques attribuées à Téhéran contre des intérêts israéliens dans la région ont ravivé la crainte d’une confrontation ouverte. L’Iran, dont le programme nucléaire inquiète ses voisins et les puissances occidentales, est considéré par Israël comme une menace existentielle. Cette dynamique conflictuelle s’est intensifiée avec la multiplication d’attaques contre des infrastructures sensibles, que ce soit en Iran ou sur des territoires liés à ses alliés régionaux, alors que Tel-Aviv redoute un accord américano-iranien susceptible d’assouplir les sanctions sur Téhéran.
Trump freiné par ses alliés du Golfe
Dans ce climat tendu, une possible attaque israélienne contre les sites nucléaires iraniens alimente les spéculations. Selon des informations relayées par CNN, l’armée israélienne serait en état d’alerte, prête à frapper en cas d’évolution diplomatique défavorable. Mais contre toute attente, certains partenaires stratégiques des États-Unis dans la région tentent de désamorcer l’escalade.
Le Qatar et les Émirats arabes unis ont exprimé à Donald Trump leur opposition à une éventuelle offensive contre l’Iran, que ce soit de la part de Washington ou d’Israël. Les dirigeants de ces pays ont mis en avant leur vulnérabilité, redoutant des représailles si un conflit éclatait, d’autant plus qu’ils abritent des bases militaires américaines sur leur sol. L’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani, aurait été particulièrement direct : selon le portail Axios, il a souligné auprès de Trump que les États du Golfe seraient les premiers touchés en cas de réaction iranienne. Même son de cloche du côté des Émirats, dont le président Mohammed ben Zayed a rejoint cette mise en garde prudente, tout comme le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.
Des négociations fragiles à Rome
Parallèlement à ces avertissements, les discussions entre l’Iran et les États-Unis se poursuivent à huis clos. Le 23 mai, une cinquième série de négociations s’est tenue à Rome, sous la médiation active d’Oman. Le ministre omanais des Affaires étrangères, Badr Al-Busaidi, a évoqué des avancées, tout en reconnaissant qu’aucune solution définitive n’a encore été trouvée. Du côté iranien, Abbas Araghtchi a déclaré que des résultats concrets pourraient être atteints sous peu, suggérant que le processus reste en cours malgré les tensions extérieures.
Ce contexte diplomatique mouvant, dans lequel certains alliés habituels des États-Unis plaident pour la retenue, complique la posture de Donald Trump. Ce dernier a confirmé avoir mis en garde le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, contre toute initiative qui compromettrait les négociations en cours. Une position qui reflète les préoccupations de ses partenaires régionaux, bien décidés à éviter de devenir des champs de bataille collatéraux d’une guerre entre grandes puissances et forces régionales antagonistes.
En arrière-plan, la perspective d’un nouvel accord sur le nucléaire iranien reste incertaine. Mais le signal envoyé par Doha et Abou Dhabi montre que, face au risque de déstabilisation, même les plus proches alliés de Washington dans le Golfe préfèrent encourager la voie diplomatique plutôt que de parier sur une frappe préventive. Une posture pragmatique dictée par la géographie autant que par l’expérience des conflits passés.
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