Réactivée dès janvier 2025 avec le retour de Donald Trump à la présidence, la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine a retrouvé une intensité rarement atteinte. En s’appuyant sur des arguments liés à la lutte contre le trafic de drogues, la Maison Blanche a imposé une série de droits de douane qui s’échelonnent jusqu’à 145 % sur des produits importés de Chine. Cette approche, bien que justifiée officiellement par des motifs de sécurité nationale, a surtout ravivé un bras de fer économique dont les racines remontent au premier mandat de Trump, lorsqu’il avait déjà accusé Pékin de pratiques commerciales déloyales.
Pékin, de son côté, a répondu sans ambiguïté : hausse des tarifs douaniers à hauteur de 125 % sur de nombreux produits américains, restrictions sur les exportations de matières premières critiques comme les terres rares, et recentrage sur d’autres partenaires commerciaux. Ce jeu de représailles, désormais bien rodé, vise à limiter l’effet des mesures américaines tout en affichant une posture de fermeté. Pourtant, malgré la rhétorique musclée et les barrières tarifaires multipliées, les exportations chinoises, loin de s’effondrer, ont surpris les observateurs.
Résilience des importations, redistribution des exportations
Alors que les économistes s’attendaient à une baisse de 6 % des importations en avril, les chiffres officiels font état d’un recul limité à seulement 0,2 %. Cette résistance relative est interprétée comme un signe de continuité dans les approvisionnements et d’une demande intérieure encore solide malgré les perturbations extérieures.
Sur le front des exportations, la progression enregistrée a déjoué tous les pronostics. La Chine a expédié à l’étranger pour 8,1 % de marchandises en plus qu’en avril de l’année précédente, alors que la hausse anticipée ne dépassait pas les 2 %. En revanche, les livraisons vers les États-Unis ont nettement reculé : elles sont passées de 40,1 à 33 milliards de dollars en un mois, soit une chute de 17,6 %. Ce glissement, bien que conséquent, a été compensé par l’essor des échanges avec d’autres partenaires, illustrant l’efficacité des stratégies de diversification mises en œuvre par Pékin.
Des négociations sous tension en Suisse
Face à cette dynamique inattendue, Washington semble désormais rechercher un point d’équilibre. Un rendez-vous bilatéral de haut niveau est prévu ce week-end en Suisse entre les représentants des deux puissances. Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, et le représentant au Commerce, Jamieson Greer, y rencontreront He Lifeng, le vice-Premier ministre chinois chargé des affaires économiques. Cette réunion constitue la première tentative de dialogue depuis la relance des hostilités commerciales.
En amont de ces discussions, la Maison Blanche a évoqué l’idée d’un allègement partiel des surtaxes douanières, avec une réduction possible à 80 %. Pékin, de son côté, n’a pas donné de signe d’assouplissement. L’objectif pour les deux camps semble être d’éviter une escalade incontrôlée sans renoncer à leurs lignes rouges respectives. Si la Chine affiche pour l’instant une certaine endurance, la pérennité de cette résistance dépendra aussi de l’évolution des tensions et des marges de manœuvre budgétaires à Pékin.
Entre dialogue prudent et confrontation larvée, le commerce mondial observe cette passe d’armes avec attention. La Chine montre qu’elle n’est pas sans ressources, mais la suite du bras de fer dépendra de la capacité des deux puissances à sortir du cycle de représailles sans compromettre leur crédibilité intérieure.
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