Le 15 mai dernier, le club de la Patte d’Oie, FC Builders, avait réussi l’exploit que peu imaginaient possible : faire tomber l’ASC Jaraaf, géant du football sénégalais, et décrocher son ticket pour la finale de la Coupe du Sénégal. Ce moment historique, salué par de nombreux observateurs comme une bouffée d’air frais pour le football local, a rapidement laissé place à un vent glacial de polémique. À peine la joie des tirs au but dissipée, la réalité administrative est venue renverser le terrain de jeu.
Une fraude qui coûte une finale
Quelques jours après sa défaite, l’ASC Jaraaf a formulé une réserve auprès des instances fédérales. En cause : l’identité présumée douteuse de Cyprien Thiombane, joueur aligné par FC Builders. L’accusation portait sur une double licence comportant des dates de naissance différentes. Après instruction du dossier, la Commission de discipline de la Fédération Sénégalaise de Football a confirmé la fraude. La sanction est tombée comme une sentence irrévocable : match perdu sur tapis vert (0-2), suspension du joueur pour six rencontres (dont trois avec sursis), et amende de 100 000 francs CFA à la charge du club.
Cette décision a fait l’effet d’un coup de sifflet final brutal. FC Builders, qui avait entrevu les projecteurs de la finale, a vu sa trajectoire stoppée net, rappelant que les règles hors du terrain peuvent peser tout autant que les exploits sportifs.
Une ascension stoppée dans son élan
En éliminant le Jaraaf, FC Builders avait brisé l’ordre établi. Cette victoire contre l’un des clubs les plus emblématiques du pays avait suscité l’admiration, donnant l’image d’un football sénégalais où David pouvait encore vaincre Goliath. Loin des stades huppés, Builders symbolisait la montée en puissance de formations ambitieuses, bien décidées à se faire un nom au-delà des compétitions régionales.
Mais cette épopée s’est transformée en démonstration implacable des rouages réglementaires. La disqualification, loin de se limiter à une question de conformité, jette une lumière crue sur la rigueur administrative exigée à ce niveau de compétition. Elle souligne aussi les rivalités internes et les stratégies d’après-match qui peuvent inverser le cours des tournois les plus attendus.
FC Builders, malgré la désillusion, sort grandi dans les cœurs de nombreux supporters. Le club a prouvé qu’il pouvait rivaliser avec les meilleurs. La finale leur échappe, mais l’élan suscité par leur parcours pourrait bien être le point de départ d’une nouvelle ambition. Reste désormais à transformer la frustration en rigueur et à revenir sur la scène, cette fois avec un statut consolidé et une vigilance accrue.



