L'ancien garde des sceaux sénégalais sous bracelet électronique

Ce qui devait être un symbole de progrès technologique pour la justice sénégalaise se transforme en véritable casse-tête judiciaire. Le Centre de surveillance électronique, prévu sur le site du tribunal de Pikine-Guédiawaye, suscitait de grandes attentes : renforcer la surveillance, désengorger les prisons, et apporter un souffle nouveau au système pénal. Mais derrière la façade modernisatrice se cache une affaire bien moins reluisante, où les intérêts privés semblent avoir court-circuité les règles publiques.

Le cœur du scandale ? Des soupçons de corruption et de détournement d’un marché sensible. Deux hommes clés du projet, Cheikh Guèye, patron de la société TCS, et Mohamed Anas El Bachir Wane, ancien haut responsable du ministère de la Justice, dorment désormais en prison. Selon les premiers éléments de l’enquête, des flux d’argent suspectés d’être des contreparties illicites ont circulé, remettant en cause l’intégrité même du processus d’attribution du contrat.

La ligne de défense d’un ex-ministre en difficulté

Au milieu de cette affaire explosive, le nom d’Ismaïla Madior Fall, ancien ministre de la Justice, refait surface de manière retentissante. Il a reconnu avoir reçu un versement de 50 millions de francs CFA de la part de Cheikh Guèye. Il affirme toutefois avoir restitué cette somme, évoquant une volonté de « gérer la situation avec diplomatie ».

Ces éléments ont suffi à convaincre la Commission d’instruction de la Haute cour de justice de le placer sous bracelet électronique, assorti d’une assignation à résidence. Une mesure symboliquement lourde pour une figure longtemps perçue comme un juriste rigoureux et un homme d’État respecté. Cette décision marque une rupture dans l’image publique d’un homme qui fut l’un des architectes des réformes judiciaires récentes.

Une affaire aux répercussions politiques et institutionnelles

Ce scandale remet également sur la table une vieille problématique : la gestion opaque des marchés publics dans le secteur de la justice. Lorsque ceux qui façonnent les lois et les procédures judiciaires sont eux-mêmes cités dans des affaires de corruption, c’est tout l’édifice institutionnel qui vacille. La réponse de la justice à l’égard de ses anciens serviteurs est donc scrutée avec attention, car elle détermine en partie la crédibilité du discours sur la lutte contre l’impunité.

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