Loi criminalisant l’homosexualité : une partie de la société civile sénégalaise met la pression

Photo: © Getty

Depuis l’arrivée au pouvoir d’Ousmane Sonko, certaines franges de la société civile estiment que les engagements doivent désormais se traduire par des actes concrets. Le collectif « And Sam Jikko Yi », très actif sur les questions de mœurs, avait salué les promesses de campagne du nouveau pouvoir, en particulier sur la criminalisation de l’homosexualité. Cinq jours après la diffusion d’une vidéo montrant un homosexuel qui témoignait sur l’affaire de l’effondrement d’un immeuble à Ngor, le collectif estime que l’heure n’est plus aux discours. Pour eux, cet épisode ravive une urgence déjà exprimée depuis longtemps : la mise en œuvre immédiate de la loi.

Dans les rues comme sur les réseaux, la pétition populaire prend de l’ampleur. Certains observateurs comparent cette mobilisation à une cocotte-minute sociale, dans laquelle les questions de justice, de religion et d’identité se mêlent sans relâche. L’impatience grandit, nourrie par un sentiment que la société évolue trop vite pour que les institutions continuent de tergiverser. Pour « And Sam Jikko Yi », chaque jour qui passe sans texte de loi renforce la fracture entre le peuple et ses représentants.

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Pression directe sur les députés de Pastef

Pour traduire leur détermination, les membres du collectif ont franchi un pas supplémentaire en rencontrant le groupe parlementaire de Pastef. Ce geste n’est pas anodin : il vise à rappeler que la légitimité politique découle aussi de la capacité à tenir parole. Les militants ont exprimé leur volonté de voir le projet de loi figurer en priorité dans l’agenda parlementaire. Leur argument principal : l’attente populaire est massive, la promesse a été faite, elle doit être tenue.

Cette pression n’épargne pas les nouveaux élus, pourtant portés par une dynamique de changement. Ils sont désormais placés face à un dilemme : agir rapidement au risque de froisser une partie de la communauté internationale, ou temporiser et risquer de perdre la confiance d’une base militante très mobilisée. Pour Pastef, chaque décision devient une équation entre fidélité aux engagements et gestion des équilibres politiques internes et externes.

Des tensions qui dépassent le fait divers

L’affaire de Ngor, bien qu’anecdotique en apparence, a fonctionné comme un révélateur. Ce n’est pas seulement la présence d’un homosexuel présumé sur les lieux qui scandalise, mais ce qu’elle symbolise dans l’imaginaire collectif : une société perçue comme en mutation rapide, parfois en décalage avec ses fondements religieux et culturels. Le débat sur l’homosexualité au Sénégal reste marqué par des tensions profondes, et les appels à la législation cristallisent des enjeux bien au-delà du droit pénal.

Ce regain de ferveur autour d’un projet de loi montre que les lignes de fracture ne sont pas prêtes de disparaître. Le collectif « And Sam Jikko Yi », en durcissant le ton, cherche à peser davantage dans le jeu politique. En retour, les autorités devront naviguer entre fidélité aux promesses électorales, gestion des équilibres institutionnels, et pressions extérieures parfois opposées.

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