Mali : TV5 Monde désormais inaccessible après une sanction

Depuis 2022, les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) — Mali, Burkina Faso, Niger — ont multiplié les décisions de suspension ou de retrait concernant des médias internationaux. France 24, RFI, Deutsche Welle, Jeune Afrique ou encore Le Monde ont tous vu leur accès restreint dans ces pays. Les autorités invoquent systématiquement la nécessité de défendre leur souveraineté médiatique face à des récits jugés biaisés, voire instrumentalisés. Le cas malien s’inscrit dans un enchaînement d’initiatives visant à affirmer un contrôle direct sur les flux d’information jugés sensibles, dans des contextes marqués par une transition politique, des défis sécuritaires et des enjeux de cohésion nationale.

Un reportage perçu comme partial par la régulation malienne

La Haute Autorité de la Communication (HAC) du Mali a ordonné le 9 mai le retrait de TV5 Monde de tous les bouquets audiovisuels, suite à la diffusion d’un sujet dans le journal télévisé du 3 mai. Ce reportage évoquait les protestations de militants politiques à Bamako, mobilisés contre l’annulation d’un rassemblement prévu et la perspective d’un maintien des militaires au pouvoir sans élection. Ce que la chaîne présentait comme une entrave des forces de sécurité au droit de manifester a été interprété par la HAC comme une déformation de la réalité.

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L’autorité reproche au média un manque de nuance dans la présentation des faits et estime que les commentaires auraient contribué à décrédibiliser l’action des forces armées et de sécurité. Le caractère jugé « déséquilibré » du reportage aurait franchi une ligne rouge fixée par les autorités de régulation : celle du respect des institutions nationales dans un contexte de transition. En dépit de son audience et de sa réputation internationale, TV5 Monde n’a pas échappé à ce contrôle renforcé de la narration médiatique.

Régulation ou censure ? Une approche défendue comme mesure de stabilité

Dans un pays traversé par des tensions politiques et sociales, la maîtrise du discours public devient un enjeu central. Pour les autorités de Bamako, il ne s’agit pas de restreindre la liberté d’informer, mais d’exiger que les contenus diffusés depuis l’étranger soient compatibles avec les réalités nationales et le climat politique local. La décision de la HAC peut donc être lue comme une tentative de réaffirmer les prérogatives nationales sur la façon dont le pays est représenté, notamment à l’étranger.

Certains verront dans cette démarche une volonté d’uniformisation de la parole médiatique. D’autres y liront une affirmation d’indépendance face à des médias perçus comme porteurs de logiques extérieures. Ce type de régulation n’est pas sans précédent : plusieurs gouvernements d’Afrique du Nord, du Golfe ou d’Asie centrale ont adopté des stratégies similaires ces dernières années, parfois avec l’argument de préserver l’unité nationale dans des phases jugées critiques.

La suspension de TV5 Monde au Mali ne semble donc pas relever d’un simple acte isolé, mais bien d’une volonté politique affirmée de maîtriser la circulation des images et des récits à un moment où le pays cherche à redéfinir son cap. Pour les populations, cela réduit certes l’accès à des sources d’information diversifiées, mais cela reflète aussi un choix d’approche souveraine qui fait désormais école dans plusieurs capitales du Sahel.

3 réponses

  1. Avatar de Ali André Meceli
    Ali André Meceli

    Une chaîne pro département régence tant mieux qu’il dégage.

  2. Avatar de Tchité
    Tchité

    Qu’ils aillent émettre en Europe, avec leur ami Jeune Europe.

  3. Avatar de The Atlantean
    The Atlantean

    Une véritable mesquinerie, la junte militaire malienne perd le sommeil à cause de TV5Monde. Quels sont les autres sujets qui les empêchent de dormir?

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