Mines en Afrique : deux compagnies perdent leur permis

Photo d'illustration d'une mine (DR)

Depuis plusieurs années, plusieurs gouvernements africains, notamment dans la région du Sahel, ont entrepris de réformer leurs codes miniers afin de mieux encadrer l’exploitation des ressources naturelles. Cette démarche vise à capter une part plus significative des bénéfices générés par les activités extractives, en augmentant les taxes, en renforçant les obligations environnementales et sociales, et en exigeant une plus grande implication des entreprises dans les économies locales. Ces modifications, parfois inspirées par des expériences mal vécues d’accords jugés déséquilibrés ou peu transparents, ont entraîné une relecture des contrats en vigueur et, dans certains cas, la suspension ou la révocation de certains permis. Les entreprises concernées, souvent accusées de ne pas respecter les engagements pris ou d’exploiter les failles du système précédent, se retrouvent désormais confrontées à des décisions unilatérales prises au plus haut niveau de l’État.

Deux annulations présidentielles en Guinée

C’est dans ce contexte que s’insèrent les récentes décisions du président de la transition guinéenne, le général Mamadi Doumbouya, annoncées vendredi soir lors d’une allocution télévisée. Deux entreprises opérant dans le secteur minier ont vu leurs droits d’exploitation annulés par décret présidentiel. Il s’agit de Guiter Mining S.A., à qui avait été accordé un permis d’exploitation semi-industrielle en décembre 2022, et de Kebo Energy SA, bénéficiaire d’une concession octroyée en juin 2023. Ces mesures émanent directement du sommet de l’exécutif et traduisent une volonté de restaurer l’autorité de l’État sur un secteur jugé stratégique.

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Les raisons évoquées tiennent à des irrégularités ou des non-conformités vis-à-vis du Code minier en vigueur. Le ministre des Mines et de la Géologie a été mandaté pour veiller à l’exécution immédiate de ces décisions. Cette posture traduit un changement d’attitude vis-à-vis des acteurs économiques, désormais soumis à une exigence renforcée de conformité réglementaire.

Un signal adressé à l’ensemble des opérateurs

Les mesures prises par Conakry interviennent peu après une réunion du Conseil des ministres où le président guinéen a ordonné une réévaluation des permis en cours, assortie de la possibilité de retrait en cas de manquements. Pour les entreprises du secteur, le message est limpide : le laxisme n’est plus toléré, et les textes doivent être appliqués dans leur intégralité. Ce type d’annonce renforce l’autorité de l’État, mais crée aussi un climat d’incertitude qui pourrait freiner certains projets si le cadre juridique n’est pas suffisamment clair et stable.

De telles décisions ne sont pas isolées en Afrique. Plusieurs États, notamment dans la région sahélienne, ont eux aussi entrepris de remettre en cause certains contrats miniers. Le Mali, par exemple, a connu des tensions avec la société canadienne Barrick Gold, l’un des principaux producteurs d’or du continent. Malgré les investissements engagés, les autorités maliennes ont exprimé leur volonté de revoir les termes de collaboration, évoquant des déséquilibres au détriment de l’intérêt national. Ces différends ont parfois conduit à des discussions serrées sur le partage des revenus ou sur le respect des obligations fiscales et sociales.

Dans un paysage minier en recomposition, les gouvernements semblent vouloir réaffirmer leur souveraineté économique sans pour autant rompre avec les partenaires étrangers. Le cas guinéen illustre cette dynamique de reprise de contrôle, qui pourrait se généraliser à mesure que les codes miniers modernisés entrent pleinement en application.

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