Tensions internationales : ce pays augmente ses réserves d’or

Alors que les grandes puissances s’enlisent dans des conflits ouverts ou larvés, le climat mondial n’a jamais été aussi chargé d’incertitude. De l’Ukraine à Gaza, les lignes de fracture géopolitiques s’accentuent, ravivant les craintes d’un ordre mondial de plus en plus instable. À cela s’ajoutent les pressions exercées par Donald Trump, dont le retour potentiel sur la scène politique américaine inquiète de nombreuses capitales économiques. L’imprévisibilité des politiques commerciales et monétaires des États-Unis sous son influence alimente la méfiance sur les marchés. Dans ce contexte où les monnaies peuvent vaciller et les alliances s’effriter, de nombreux pays cherchent à sécuriser leur avenir en se tournant vers une valeur qui ne connaît pas la faillite : l’or.

Une stratégie de sécurité monétaire

Face à ces vents contraires, la Banque centrale indienne (RBI) a pris une décision lourde de sens : accroître de manière significative ses réserves d’or. Près de 25 tonnes supplémentaires ont été intégrées à ses coffres au cours de la deuxième moitié de l’année fiscale 2025, portant le total à 879,59 tonnes. Ce geste ne relève pas simplement de la prudence ; il traduit une orientation stratégique claire dans une période où les actifs tangibles reprennent le dessus sur les promesses numériques. L’Inde ne fait pas exception à ce virage défensif mondial : en période d’instabilité, l’or reste un refuge éprouvé.

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Il est révélateur que cette accumulation se soit produite en pleine flambée des prix du métal jaune, qui a connu une hausse de 30 % à l’échelle mondiale. Loin de décourager les autorités, cette montée des cours semble avoir confirmé leur analyse : acheter maintenant, c’est sécuriser demain. Comme un parapluie acheté au début d’un orage, cette réserve permettrait à l’Inde de se prémunir contre des secousses financières soudaines, que ce soit une dévaluation du dollar, une crise bancaire internationale ou une rupture des chaînes d’approvisionnement.

Un trésor réparti et protégé

Mais il ne suffit pas de posséder de l’or, encore faut-il le placer avec discernement. La RBI n’a pas centralisé l’ensemble de ses lingots dans un unique lieu : 511,99 tonnes reposent sur le sol indien, tandis que 348,62 tonnes sont confiées à des institutions réputées pour leur stabilité, comme la Banque d’Angleterre et la Banque des règlements internationaux. Ce choix, en apparence logistique, est aussi hautement symbolique : il s’agit de préserver un accès rapide à une partie des réserves en cas d’urgence, tout en garantissant leur sécurité physique et diplomatique dans des lieux jugés sûrs.

À cela s’ajoutent près de 19 tonnes d’or détenues sous forme de dépôts, une modalité moins connue mais qui permet de générer un rendement limité sur des actifs normalement dormants. Cette diversification des formes et des lieux de détention indique une volonté de flexibilité. Dans un monde où les échanges peuvent être suspendus du jour au lendemain par des sanctions ou des blocus, cette configuration donne à l’Inde une capacité d’adaptation qui pourrait s’avérer précieuse.

Une manœuvre aux résonances globales

L’accélération de la demande en or par des banques centrales comme celle de l’Inde envoie un signal fort aux marchés : la confiance dans les monnaies fiduciaires est ébranlée. Cette tendance pourrait avoir un effet domino. D’autres pays, notamment ceux exposés aux sanctions ou dépendants des importations de matières premières, pourraient suivre cet exemple. À mesure que les tensions internationales s’aggravent, il n’est plus seulement question d’économie, mais de souveraineté. L’or, dans cette perspective, redevient un outil de puissance.

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Ce regain d’intérêt rappelle une époque que l’on croyait révolue, celle où l’étalon-or dictait l’ordre monétaire mondial. Aujourd’hui, ce n’est plus une règle universelle, mais un réflexe stratégique. Un peu comme un État qui renforce son armée sans vouloir faire la guerre, la constitution de réserves d’or exprime une volonté de résilience plutôt qu’une ambition d’affrontement. Dans le tumulte actuel, chaque gramme d’or stocké est une once de stabilité acquise.

La manœuvre indienne ne se limite donc pas à un ajustement comptable. Elle reflète un repositionnement plus large : celui d’un pays qui entend affirmer son autonomie économique face à des forces qui lui échappent. Si les tensions internationales devaient s’intensifier, cette décision pourrait bien se révéler aussi précieuse que le métal qu’elle vise à sécuriser.

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