Trump coupe les vivres à deux chaînes publiques

Donald Trump. Photo : DR

Réinstallé à la tête des États-Unis après une campagne marquée par des promesses de rupture, Donald Trump imprime déjà sa marque sur plusieurs secteurs clés de l’administration fédérale. Son retour à la Maison-Blanche, perçu par ses partisans comme la continuité d’une politique nationale forte, s’accompagne de mesures concrètes visant à redéfinir le rôle de l’État, notamment en matière de dépenses publiques. Le nouveau mandat du 47ᵉ président des États-Unis confirme ses priorités : une réduction du rôle fédéral dans les domaines jugés non essentiels et une volonté affichée de remettre en question certains piliers de l’ordre établi.

Dernier acte en date : la signature d’un décret ordonnant la fin du financement public pour deux institutions emblématiques de l’audiovisuel américain, PBS (Public Broadcasting Service) et NPR (National Public Radio). Le texte stipule explicitement que le conseil d’administration du CPB (Corporation for Public Broadcasting), qui gère les fonds fédéraux dédiés aux médias publics, doit « cesser le financement fédéral de NPR et de PBS ». La mesure, qui cible des réseaux que le président accuse de partialité, a ravivé le débat sur le rôle et la place des médias publics dans une démocratie contemporaine.

Publicité

Le décret, bien que catégorique dans sa formulation, se heurte cependant à une réalité juridique complexe : le budget du CPB ayant été voté par le Congrès jusqu’en 2027, l’application effective de la directive reste sujette à caution. Néanmoins, l’administration Trump exhorte le CPB à « annuler le financement direct existant dans la mesure maximale autorisée par la loi » et à refuser tout soutien financier futur, accentuant ainsi la pression sur ces médias historiques.

Cette décision n’est pas isolée : elle s’inscrit dans une stratégie plus large visant à réduire les dépenses publiques, déjà perceptible à travers des initiatives antérieures telles que la restructuration de l’audiovisuel public extérieur américain. Les médias internationaux comme Voice of America, Radio Free Asia et Radio Free Europe/Radio Liberty ont également été ciblés dans cette dynamique de contraction budgétaire.

Les chiffres montrent pourtant l’ampleur de l’audience concernée : NPR attire plus de 40 millions d’auditeurs chaque semaine, tandis que PBS touche environ 36 millions de téléspectateurs chaque mois. Malgré ces chiffres importants, la directrice de NPR, Katherine Maher, avait précisé en mars que la contribution du CPB représentait environ 120 millions de dollars pour 2025, soit moins de 5 % du budget global de la radio publique.

Du côté des défenseurs de la liberté de la presse, la réaction n’a pas tardé. Reporters sans frontières a qualifié cette décision d’inquiétante pour la santé démocratique du pays, pointant une « dégradation » de la liberté de la presse qui pourrait renforcer la méfiance envers les médias critiques du pouvoir.

Publicité

Pour justifier cette orientation, l’administration américaine invoque l’évolution du paysage médiatique depuis la création du CPB en 1967. Le décret affirme qu’à une époque où l’offre médiatique est abondante et diversifiée, le financement public des médias serait devenu « obsolète » et risquerait de nuire à « l’apparence de l’indépendance journalistique ».

Alors que les conséquences concrètes de ce décret restent à évaluer, ce nouvel épisode illustre la volonté affirmée de l’administration Trump de remodeler le paysage médiatique américain selon ses propres lignes directrices.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité