Afrique : l’UE débloque 6 millions pour le commerce

Depuis plusieurs années, l’Union européenne s’affiche comme un acteur central du développement économique africain. À travers son instrument de voisinage, de coopération au développement et de partenariat international (NDICI), elle finance divers projets qui vont de l’agriculture durable aux infrastructures, en passant par l’appui aux institutions démocratiques. Elle agit en général non pas comme un simple bailleur, mais comme un partenaire stratégique misant sur la coopération technique, la montée en compétences locales et le soutien ciblé au secteur privé. La récente initiative lancée à Addis-Abeba marque un tournant : plutôt que d’imposer une logique top-down, elle vise cette fois à stimuler directement les moteurs internes du commerce régional africain.

Un appui ciblé aux PME pour transformer le paysage commercial

Lancé pour une durée de quatre ans et dotée d’une enveloppe de 6 millions d’euros, l’accord prévoit un appui direct au secteur privé éthiopien, en particulier aux PME, considérées comme des piliers de l’activité économique. Ces structures, qui représentent l’épine dorsale de l’économie éthiopienne, peinent encore à se développer faute de financements adéquats, de formations adaptées et d’accès aux marchés régionaux. Le programme européen mise ainsi sur la création de ponts commerciaux plus efficaces entre l’Éthiopie et ses voisins, tout en réduisant les obstacles techniques au commerce transfrontalier.

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Mais le projet ne se limite pas à un simple transfert de ressources. Il cherche à transformer le modèle économique local en profondeur. En mettant l’accent sur l’inclusion, notamment à travers le soutien explicite aux entreprises dirigées par des femmes, cette initiative reflète une volonté d’ancrer l’autonomisation économique dans le tissu social. Elle répond aussi aux défis spécifiques du continent, où le commerce informel demeure dominant et les chaînes logistiques souvent inefficaces.

Intégration régionale et connectivité : une réponse à l’enclavement

Pour l’Éthiopie, pays enclavé et dépendant de ses corridors vers Djibouti ou le Kenya, améliorer la connectivité commerciale est une question stratégique. Le programme européen entend donc appuyer des réformes concrètes du secteur, à la fois en renforçant les capacités des institutions publiques et en modernisant les pratiques commerciales. Cela passe par des actions sur le terrain : formations, digitalisation des procédures douanières, amélioration des normes de qualité, mais aussi création de réseaux entre PME à travers la région.

Ce soutien tombe à un moment crucial pour Addis-Abeba, qui cherche à repositionner son économie après plusieurs années marquées par des tensions politiques internes et des défis macroéconomiques. Comme l’a souligné le ministre du Commerce et de l’Intégration régionale, Kassahun Goffe, ce programme est aligné sur les grandes réformes nationales en cours. Il complète également les orientations de l’Union africaine en matière d’intégration économique, notamment à travers la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).

Un modèle de coopération qui évolue

Le projet lancé en Éthiopie montre une nouvelle approche européenne, plus attentive aux dynamiques locales et aux besoins spécifiques des pays partenaires. Loin des grands projets d’infrastructure du passé, l’accent est désormais mis sur l’agilité, la proximité avec les acteurs de terrain et le soutien à des initiatives capables de produire des effets durables. À travers ce type d’intervention, l’UE entend aussi renforcer sa position face à d’autres puissances actives sur le continent, notamment la Chine ou la Turquie, qui privilégient des approches plus directes.

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En finançant ce programme, Bruxelles mise sur un levier concret pour favoriser la croissance inclusive, dans une région où l’accès aux débouchés commerciaux reste limité. Cette démarche pourrait servir de référence pour d’autres partenariats en Afrique de l’Est, à condition que les résultats soient au rendez-vous. Au-delà de l’enveloppe financière, c’est donc une méthode qui est à l’épreuve : celle d’un partenariat ajusté aux réalités économiques, pensé pour faire émerger une classe d’entrepreneurs capable de dynamiser l’intégration régionale depuis la base.

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