Armements : 2 pays de l’AES dévoilent des véhicules militaires 100 % locaux

Le véhicule militaire présenté au Burkina Faso (DR)

Au cœur d’un Sahel en proie à une instabilité persistante, le Niger et le Burkina Faso s’illustrent désormais par leur volonté de produire leurs propres moyens de défense. Une démarche audacieuse qui dépasse la simple stratégie militaire : elle traduit une ambition politique d’indépendance et une réorganisation de la réponse sécuritaire face à la menace armée. Lors de récentes démonstrations publiques, les deux pays ont révélé des véhicules militaires conçus et assemblés par leurs propres ingénieurs, dans une dynamique collective portée par l’Alliance des États du Sahel (AES).

Deux initiatives locales aux visées stratégiques

C’est à Ouagadougou, lors de la deuxième édition du Salon international Synergie Sûreté, Défense et Sécurité (SYSDEF), du 8 au 10 mai 2025, que le Burkina Faso a levé le voile sur une série de véhicules adaptés au contexte local. Conçus à partir de pick-up transformés, ces engins ont été renforcés par des protections métalliques et des installations tactiques pensées pour les réalités du terrain. Développés par des techniciens burkinabè, ils incarnent une réponse concrète aux besoins opérationnels des unités engagées dans les zones rouges du pays.

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Le Niger, quant à lui, a dévoilé un véhicule militaire tout-terrain « Tamgak Wangari », produit par l’entreprise Guedesign Automotive. La cérémonie s’est tenue à la base militaire 101 de Niamey, en présence des autorités militaires. Selon Defence Blog, un site spécialisé dans les équipements de défense, il s’agit d’un véhicule entièrement fabriqué au Niger, de la conception à l’assemblage final. Les ingénieurs locaux ont conçu une machine robuste, destinée à évoluer dans les conditions extrêmes du désert, et capable de répondre aux tactiques de guérilla imposées par les groupes armés.

L’industrie de défense comme levier de souveraineté

Ces innovations techniques ne sont pas de simples symboles. Elles traduisent un changement de paradigme. Là où la dépendance aux importations dictait jadis les choix logistiques, les pays de l’AES misent désormais sur leur propre capacité à inventer, adapter et produire. Ce choix, dicté par les circonstances géopolitiques et sécuritaires, ouvre la voie à une économie de guerre plus résiliente, où les filières locales – ingénierie, mécanique, maintenance – sont valorisées.

Chaque convoi militaire peut être une cible, disposer de véhicules adaptés aux embuscades, peu coûteux, faciles à réparer et produits localement devient une nécessité stratégique. Loin des vitrines technologiques occidentales, ces blindés modestes mais fonctionnels répondent à une logique de terrain. Ils sont le fruit d’une réflexion enracinée dans l’expérience directe des conflits qui secouent la région depuis plus d’une décennie.

L’initiative du Niger avec Guedesign Automotive, tout comme celle du Burkina Faso lors du SYSDEF, démontrent que la souveraineté ne se résume pas aux discours. Elle s’incarne aussi dans les ateliers, dans les postes de soudure, dans les garages improvisés devenus laboratoires d’innovation défensive. À l’heure où l’AES veut construire un avenir militaire sans tutelle, ces premiers véhicules ne sont pas des aboutissements, mais les premiers jalons d’une autonomie reconquise.

Le véhicule militaire Tamgak Wangari du Niger

2 réponses

  1. Avatar de Harouna A.K
    Harouna A.K

    Ce n’est que le début mais déjà ces prototypes ressemble à ceux de l’occident. Je dirais tout simplement fantastique ! chapeau vraiment à l’ AES pour cette prouesse ingénierique. Incha Allah l’ AES illuminera toute l’Afrique, parce qu’elle a osé se réinventer..

  2. Avatar de Euler
    Euler

    Bravo !
    Imaginez que tous les ingénieurs de l’Afrique noire s’unissaient pour innover…

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