Aviation en Afrique : 35 compagnies aériennes d’un pays sur liste noire de l’UE

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Dans le secteur aérien mondial, chaque décollage repose sur une chaîne de vérifications rigoureuses, allant bien au-delà des compagnies elles-mêmes. Les autorités nationales doivent démontrer leur capacité à encadrer efficacement les acteurs du ciel, et leur performance est régulièrement passée au crible par des institutions comme l’OACI, l’Union européenne ou encore les agences régionales africaines. Ces entités s’assurent que les États disposent des outils humains, techniques et réglementaires pour maintenir un niveau de sécurité acceptable. Lorsque ces exigences ne sont pas respectées, des mesures peuvent être prises sans délai, parfois avec des conséquences radicales.

Un ciel tanzanien frappé d’interdiction

C’est précisément ce qui est arrivé à la Tanzanie. Depuis le 3 juin dernier, 35 compagnies ont été interdites d’accès à l’espace aérien européen. La Commission européenne par la voix du commissaire des transports Apostolos Tzitzikostas, a justifié cette décision par des insuffisances graves dans la supervision technique locale : manque de personnel qualifié, procédures de contrôle jugées peu fiables…autant de défaillances qui mettent en doute la capacité du pays à garantir des vols sûrs.

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Même si ces compagnies ne proposent pas de vols directs vers l’Europe, elles jouent un rôle stratégique à l’intérieur du pays. Leur mise à l’écart crée donc une onde de choc : au-delà des frontières européennes, c’est la confiance dans l’ensemble du système tanzanien qui est ébranlée. Le message est limpide : lorsqu’un pays n’est pas en mesure d’assurer la surveillance de ses opérateurs, ceux-ci deviennent automatiquement indésirables dans les espaces aériens les plus exigeants.

Un signal d’alerte pour les autorités africaines

La décision de Bruxelles dépasse le simple cas tanzanien. Elle agit comme un coup de semonce pour les autres pays africains où les systèmes de régulation sont encore fragiles ou sous-financés. Le développement de l’aviation sur le continent, essentiel pour améliorer la mobilité des populations et accélérer les échanges économiques, dépend largement de la fiabilité des institutions de contrôle. Si les compagnies sont les locomotives du secteur, ce sont les mécanismes de régulation qui posent les rails.

Pour les passagers, cela signifie que la sécurité n’est pas seulement une affaire de pilotes ou d’appareils modernes, mais aussi de règles bien appliquées et de contrôles permanents. Et pour les États, cela implique un investissement durable dans la formation, l’audit et l’indépendance des organismes chargés de la surveillance. Faute de quoi, comme en Tanzanie, des décisions externes peuvent rapidement isoler un pays du reste du réseau aérien mondial.

Un enjeu de souveraineté et de fiabilité

La Tanzanie se retrouve ainsi face à un défi critique : restaurer la crédibilité de son secteur aérien. Cela nécessitera des réformes profondes, un renforcement des institutions concernées et un engagement clair en faveur de la transparence et du professionnalisme. Pour l’Union européenne, il ne s’agit pas de punir, mais de protéger les voyageurs — et de rappeler aux autorités que la responsabilité en matière de sécurité ne peut être partagée.

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Ce type de sanction rappelle que dans l’aviation, aucun manquement n’est toléré, même lorsqu’il se produit loin du territoire européen. En agissant sur la base d’évaluations techniques détaillées, Bruxelles établit un précédent : seul un encadrement robuste peut garantir la confiance internationale. Pour la Tanzanie, il s’agit désormais de prouver qu’elle est prête à regagner cette confiance — sur la piste comme dans les airs.

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